Le Bourget (awp/afp) - Le consortium européen Airbus et son concurrent américain Boeing ont rivalisé d'annonces de commandes d'avions lundi au premier jour du Salon aéronautique du Bourget, inauguré par le président français Emmanuel Macron.

Dès le coup d'envoi du Salon, Boeing a annoncé le lancement du 737 MAX 10, version allongée de son moyen-courrier best-seller, en réponse à la concurrence âpre de l'A321neo d'Airbus, grâce auquel l'avionneur européen s'est taillé une part de 60% du marché des moyen-courriers re-motorisés.

Le géant de Seattle a divulgué dans la foulée la première commande pour dix appareils 737 MAX 10 pour un montant de 1,25 milliard de dollars, provenant du loueur d'avions BOC Aviation.

D'autres contrats, dont un autre protocole d'accord portant sur 60 moyen et long courriers (des 737 MAX 8 et 10, ainsi que des 787-9 Dreamliner) pour une valeur de 7,4 milliards de dollars et une commande ferme pour trente 787-9 "Dreamliner", son long-courrier de dernière génération, pour un montant catalogue de 8,1 milliards de dollars, ont suivi.

Côté européen, la réponse a fusé, Airbus annonçant à son tour une commande de 100 A320neo pour plus de 10 milliards de dollars juste avant la venue du président français sur son stand. Puis une autre de l'américain Air Lease Corporation pour 12 Airbus A321néo pour plus de 1,5 milliard de dollars.

Au même moment, en marge du Salon, la Commission européenne a autorisé une aide de 377 millions d'euros accordée par la France et l'Allemagne pour le développement d'un nouvel hélicoptère de transport d'Airbus, baptisé X6.

M. Macron est arrivé peu avant 10H00 en avion de transport A400M, après avoir décollé 15 minutes plus tôt de Villacoublay (près de Versailles) en compagnie de deux ministres, une vingtaine de salariés et d'entrepreneurs du secteur aéronautique, grand contributeur au commerce extérieur hexagonal.

Programme militaire le plus ambitieux jamais lancé en Europe, l'A400M d'Airbus a connu d'importants surcoûts et retards ainsi que des problèmes techniques et un accident mortel en 2015.

La délégation a assisté à des démonstrations aériennes, notamment du très gros porteur A380, de l'avion d'affaires Falcon et du jet de combat Rafale du français Dassault Aviation et d'hélicoptères militaires de production européenne, Caïman (NHIndustries NH90) et Tigre (Eurocopter EC665). Le dernier né de la famille A350, l'A350-1000, a effectué des figures impressionnantes.

M. Macron a ensuite rencontré le spationaute français Thomas Pesquet, qui lui a offert une photo de Paris vue depuis la Station spatiale internationale (ISS) et lui a parlé de Mars. "Ca vous démange! A croire que vous n'êtes pas bien sur Terre!", a plaisanté le président français.

- huit à dix années de production -

Placé sous très haute sécurité en raison de la menace terroriste, avec un dispositif aérien composé d'avions de chasse, d'hélicoptères, de missiles sol-air ainsi que de dizaines de "guetteurs", le plus grand salon aéronautique du monde ouvrira ses portes au public vendredi. Plus de 350.000 visiteurs sont attendus jusqu'à dimanche, dont 150.000 professionnels, et 2.370 exposants.

Au rang des nouveautés figurent l'A321neo et l'A350-1000 d'Airbus, le Boeing 787-10 "Dreamliner" et le 737 Max 9 ou encore l'Antonov 132 D.

Côté militaire, le clou sera la première en France du F-35A, l'avion de combat de dernière génération de l'armée de l'air américaine, développé par Lockheed Martin et rival du Rafale de Dassault.

Sur le front des commandes d'appareils, cette édition ne devrait pas connaître le faste des années précédentes. 2017 sera "très ralentie pour les commandes d'Airbus comme pour l'ensemble de l'industrie", a prévenu le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, l'homme aux 15.000 appareils vendus.

L'industrie reste cependant portée par la croissance du trafic aérien dans le monde, et les grands avionneurs ont devant eux de huit à dix années de production en carnet de commandes.

Airbus, qui a publié récemment des prévisions de marché sur 20 ans en hausse, prévoit un doublement de la flotte mondiale d'ici à 2036, à 35.000 nouveaux appareils pour une valeur de 5.300 milliards de dollars.

Boeing doit publier les siennes mardi, mais Kevin McAllister, le patron de la branche aviation civile du géant de Seattle, a dit dimanche tabler sur un besoin de 41.000 avions d'ici 20 ans.

afp/al