‘Le Monde’ a annoncé mardi 24 avril le placement en garde à vue de Vincent Bolloré dans le cadre d’une information judiciaire ouverte sur les conditions d’obtention des concessions portuaires de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée). L’homme d’affaires qu’une partie des Français adore détester est à la tête d’un empire pluridisciplinaire qui s’appuie notamment sur des activités logistiques et de transport. La principale structure cotée, le Groupe Bolloré, s’est fendu d’un communiqué pour démentir que « sa filiale de l'époque SDV Afrique ait commis des irrégularités ». Le quotidien explique que la justice cherche à savoir si la mission de conseil réalisée par Havas, une autre entité de Bolloré, pour favoriser l’élection de certains dirigeants africains, aurait pu faciliter l’obtention des contrats concernés. Hors de propos, selon le groupe, pour qui « le lien qui tente d'être fait par certains entre l'obtention de ces concessions et les opérations de communication est dénué de tout fondement économique et révèle une méconnaissance lourde de ce secteur industriel". La rumeur d’une mise en cause du dirigeant avait déjà circulé au début du mois. Difficile de ne pas relier la situation actuelle avec la décision surprise de Vincent Bolloré de confier les rênes de Vivendi à son fils Yannick la semaine dernière. A la Bourse de Paris, l’annonce fait l’effet d’une bombe : l’action Bolloré chute de près de 9% à la mi-journée à 4,068 euros.

Un réseau de sociétés cotées interconnectées

La galaxie Bolloré est un écheveau complexe, dont une partie seulement est visible, celle à laquelle nous nous intéressons en l’espèce. Elle présente la particularité de passer par plusieurs sociétés holdings cotées, dont certaines fleurent bon une époque où la bourse était aux mains des agents de change et où les coupons se détachaient au ciseau. La Société des Chemins de Fer et Tramways du Var et du Gard, contrôlée à 64,7% par Bolloré et 31,5% par la Compagnie du Cambodge détient par exemple 26,6% de la Financière Moncey, laquelle possède 42,1% de la Société Industrielle et Financières de l’Artois et 4,93% de la Financière de l’Odet, cette dernière possédant… 63,7% de Bolloré (et même 64,4% en comptant la somme des participations indirectes). Toutes ces sociétés sont cotées à la Bourse de Paris, au même titre que La Forestière Equatoriale ou la Compagnie des Tramways de Rouen. A cela s’ajoutent évidemment les participations donnant le contrôle d’autres sociétés comme Vivendi (et donc Havas) et Blue Solutions. Tout en haut, figurent la Sofibol et sa filiale la Compagnie de Guénolé, qui contrôlent la cascade de participations.

Le groupe Bolloré est divisé en quatre entités : « transport et logistique » (Bolloré Logistics, Bolloré Railways, Bolloré Ports et Bolloré Energy), « communication » (Havas, Vivendi et autres actifs médias et télécoms), « stockage d’électricité et solutions » (Blue Solutions, films plastiques, Blue Applications) et une entité gérée comme une société de portefeuille. Vivendi inclus, Bolloré a dégagé 18,3 milliards d’euros de revenus en 2017 pour 2,1 milliards d’euros de bénéfice net.