Les résultats semestriels publiés parallèlement par l'entreprise de BTP, de médias et de télécoms montrent une solide performance de l'activité télécoms et sont salués en Bourse par une progression de plus de 2% de l'action Bouygues, qui signe l'une des plus fortes hausse de l'indice CAC 40.

Olivier Roussat, PDG de la filiale Bouygues Telecom, et Philippe Marien, directeur financier du groupe, sont nommés directeurs généraux délégués avec effet immédiat, une fonction où ils rejoignent Olivier Bouygues, frère de Martin Bouygues.

"Les problèmes de succession de Martin Bouygues (...) ne sont pas du tout un tabou", a déclaré celui-ci au cours d'une conférence de presse.

"J'ai souhaité faire évoluer la gouvernance du groupe. Je considère que ma responsabilité est de faire en sorte (...) de garantir au maximum une certaine pérennité dans l'avenir du groupe."

Martin Bouygues, qui a 64 ans, dirige le groupe depuis 1989. En s'entourant de trois DG délégués, il prépare son passage de relais à la tête de l'entreprise fondée en 1952 par son père Francis. Il avait indiqué en avril qu'il proposerait des résolutions au conseil d'administration dans les mois à venir pour faire évoluer sa fonction.

En revanche, une scission des postes de président et de directeur général n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il précisé mercredi.

UNE PÉRIODE "TRÈS DURE" S'ACHÈVE

Martin Bouygues a également fait entrer cette année au conseil d'administration son fils Edward et son neveu Cyril, mais ces représentants de la troisième génération sont considérés comme trop jeunes pour lui succéder à court terme.

"Ils faut qu'ils travaillent et prennent des responsabilités s'ils le méritent", a déclaré Martin Bouygues à des journalistes en marge de la conférence de presse. "Le caractère familial est important dans ce groupe. Le nom de Bouygues est un atout."

Une source au fait du dossier indiquait au printemps que le relais pourrait être passé dans un premier temps à un haut cadre du groupe. Olivier Roussat, 52 ans, et Philippe Marien, 60 ans, faisaient alors figure de successeurs crédibles.

Martin Bouygues a choisi d'annoncer ce partage progressif des rôles à un moment où le groupe commence à émerger des multiples crises qu'il a traversées. Ses résultats du premier semestre 2016 sont marqués par une solide performance opérationnelle de l'activité télécoms et par une stabilisation de l'activité routes de la filiale Colas.

"Je suis très heureux que cette période très dure, très violente, très brutale, soit en voie de s'achever. Nous avons eu la double peine, comme tout le monde la peine de la grande crise mondiale de 2008-2009 et cette très grave crise dans les télécoms", a déclaré Martin Bouygues au cours d'une conférence avec les analystes.

AMÉLIORATION DE LA PROFITABILITÉ

Confronté coup sur coup à l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile, à la concurrence accrue de la TNT pour sa filiale TF1 et à une crise des travaux publics en France, le groupe a réalisé sur les six premiers mois de l'année un bénéfice opérationnel courant de 206 millions d'euros, en hausse de 73,1%, pour un chiffre d'affaires de 14,7 milliards d'euros, en baisse de 3%.

Un consensus publié sur le site de la société donnait respectivement 174 millions d'euros et 14,8 milliards.

"La rentabilité est en hausse dans le contracting grâce à Colas, les prises de commandes sont en amélioration au deuxième trimestre et, de nouveau, excellent recrutement dans les telco", commente dans une note Grégoire Thibault, analyste chez Natixis.

Bouygues Telecom, qui a renoncé en avril à se vendre à Orange, a estimé que sa stratégie de redressement en restant indépendant portait ses fruits. L'opérateur, qui a gagné 303.000 clients mobiles au deuxième trimestre et 51.000 clients fixes, a vu son Ebitda grimper de 26% au premier semestre, donnant une marge de 20,7%. L'objectif de 25% de marge en 2017 est confirmé.

Colas, la division routes du groupe, a dit pour sa part prévoir sur l'année une baisse de 2% de son chiffre d'affaires à périmètre et changes constants, signe d'une stabilisation après deux années de fort recul (-14% en 2014 et -11% en 2015) imputable à la chute des commandes des collectivités locales en France.

Fort de cette performance, Bouygues a confirmé s'attendre à une poursuite de l'amélioration de sa profitabilité en 2016. Le carnet de commandes des activités construction a progressé de 1% sur un an hors effet de changes et hors contrat de l'extension en mer de Monaco. Ce marché de 842 millions d'euros pour la première tranche a été pris en commande en juillet, et le chantier officiellement lancé mercredi.

(Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume et Dominique Vidalon

Valeurs citées dans l'article : Bouygues, TF1, Colas