ajoute déclarations de Temer et d'industriels, mention photo

RIO DE JANEIRO (awp/afp) - Les enchères de blocs pétroliers offshore au Brésil, auxquelles participaient vendredi les grandes compagnies étrangères, ont atteint 1,89 milliard de dollars et ont représenté un succès pour un gouvernement aux caisses vides.

Le président Michel Temer a salué un "excellent résultat" pour le secteur pétrolier qui devrait créer dans son pays "sur le long terme jusqu'à 500.000 emplois", a-t-il assuré dans un communiqué, tandis que le directeur général de l'agence nationale du pétrole, Decio oddone , évoquait "un succès retentissant".

Le montant de 6,15 milliards de réais de "bonus à la signature" réalisé est moins élevé que les 7,75 milliards de réais escomptés par Brasilia, mais l'Etat a obtenu des accords de partage des bénéfices très favorables, allant même jusqu'à 80% dans un des huit blocs pré-salifères qui étaient proposés.

"Les pourcentages ont dépassé notre attente,", a déclaré M. Oddone, "nous sommes très contents, cela se traduira par des ressources plus élevées pour l'Etat brésilien".

Trois blocs de pré-sal -- des gisements prometteurs enfouis sous une épaisse couche de sel-- sont partis avec plus de 70% pour l'Etat, parfois près de huit fois plus que le minimum initial fixé. Dans ces trois cas, la compagnie d'État Petrobras a pris part aux consortiums ayant rapporté la mise.

"De grandes entreprises ont participé, certaines de façon assez agressive et ce degré de compétition particulièrement élevé a fait que nous sommes allés à la limite de ce que nous pouvions payer", a expliqué son président, Pedro Parente.

"Les informations dont nous disposons laissent entrevoir un énorme potentiel" dans le pétrole en eaux profondes, a-t-il ajouté.

- 'Bilan très positif' -

Particulièrement actif dans ces enchères, l'anglo-néerlandais Shell est présent dans trois blocs, l'un d'entre eux en association avec le français Total. BP a obtenu deux blocs, l'un d'eux en s'associant avec Petrobras.

"C'est un gros succès pour le Brésil. On voit la présence de toutes les plus grandes compagnies pétrolières mondiales et cela montre le très bon travail qui a été fait par le gouvernement pour donner un environnement" favorable, a déclaré à l'AFP Maxime Rabilloud, directeur-général de Total Brésil.

Le norvégien Statoil et l'américain ExxonMobil se sont associées au portugais Petrogal pour obtenir le bloc le plus cher, celui du Nord Carcara, avec un bonus à la signature de 3 milliards de réais (environ 790 millions d'euros).

"Le bilan est très positif. Ces enchères donnent lieu à une grande diversité, avec de nouvelles entreprises qui vont opérer ces gisements de pré-sal. La qualité des blocs vont amener des forts investissements dans les 10 ou 15 ans", a expliqué à l'AFP Antonio Guimaraes, responsable de l'Institut Brésilien du Pétrole (IBP), qui représente les entreprises du secteur.

Mais ces enchères n'ont pas été du goût de tout le monde. Elles ont commencé avec plus de deux heures de retard après avoir été bloquées par un juge saisi par un regroupement de syndicats et l'opposition de gauche du Parti des travailleurs (PT) estimant que l'on bradait la richesse nationale.

Jeudi, la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016, avait écrit dans un tweet: "Le Brésil cède le pétrole aux étrangers au prix des bananes".

Mais après deux heures de psychodrame juridique, le gouvernement a réussi à faire lever cette injonction et les enchères ont pu commencer.

- Enorme potentiel -

Les blocs du pré-sal ont un énorme potentiel, tout en posant d'immenses défis sur le plan technologique pour des forages dans les profondeurs de l'Atlantique à un moment où le marché pétrolier mondial est déprimé.

Mais le président brésilien Michel Temer a modifié les règles pour rendre les enchères plus attractives pour les majors.

Il a mis fin à l'obligation qui était faite jusqu'à présent aux compagnies étrangères de laisser Petrobras -- compagnie étatique qui émerge à peine d'un gigantesque scandale de corruption -- être l'opérateur et détenir au moins 30 % dans les blocs de pré-salifères.

"Ces enchères montrent que les modifications des règles se sont traduit par l'intérêt que nous avons observé. Nous sommes de retour dans la première division du pétrole mondial", a souligné le directeur général de l'ANP.

Le produit des enchères doit apporter une bouffée d'oxygène à Brasilia, qui a lancé un vaste programme de mesures d'austérité et de privatisations afin de remettre l'économie sur les rails, après deux années de récession.

lg-pt/pb