Londres (awp/afp) - L'opérateur BT a annoncé un accord avec le régulateur britannique des télécommunications pour faire de sa filiale dédiée au réseau une entreprise juridique distincte, afin de répondre à ses concurrents qui l'accusent de position dominante.

Cet accord pourrait clore un dossier qui ennuie depuis de longs mois l'opérateur historique, mis sous pression pour satisfaire aux règles de la concurrence britannique. Il semble ainsi s'en sortir sans devoir vendre cette activité, Openreach, en bonne et due et forme et en échappant à une procédure devant la Commission européenne.

Sous la pression du régulateur, BT va faire d'Openreach une entreprise à part entière et distincte sur le plan juridique, dotée de son propre conseil d'administration, selon un communiqué.

La société, qui emploie 32.000 personnes, aura sa propre marque et pourra gérer son budget, alloué par BT.

Openreach développe et maintient le principal réseau de télécommunications du pays, qui est utilisé non seulement par BT lui-même mais aussi par d'autres fournisseurs de services mobiles ou d'internet haut-débit comme Sky, TalkTalk ou Vodafone.

Ces derniers n'ont eu de cesse de critiquer la manière dont BT gère Openreach, jugeant que cette filiale manque d'investissement et favorise la maison mère, alors qu'elle est censé traiter sur un pied d'égalité tous les concurrents.

L'annonce du jour "est une bonne nouvelle pour les consommateurs et devrait entraîner une hausse de l'investissement et de la concurrence", relève Joshua Mahony, analyste chez IG.

Le régulateur britannique entendait préserver la concurrence sur le marché de la téléphonie britannique, alors que des centaines d'opérateurs utilisent le réseau Openreach.

"Cela a été une longue et délicate procédure lors de laquelle nous avons passé en revue de nombreux intérêts contraires. Nous avons écouté les critiques et le résultat est que nous souhaitons procéder à des changements majeurs dans la manière dont Openreach fonctionnera à l'avenir", a expliqué dans le communiqué Gavin Patterson, directeur général de BT.

Dans un communiqué séparé, l'Ofcom a estimé qu'il s'agissait de la réforme la plus importante de l'histoire d'Openreach, qui a été créé en 2005 par BT afin que, selon la volonté du régulateur, les concurrents de l'opérateur historique puissent bénéficier d'une location du réseau à moindres coûts.

"C'est un jour important pour les clients de la téléphonie et d'internet. Le nouvel Openreach sera conçu pour servir tous les clients de manière égale, en étant vraiment indépendant et en prenant les décisions d'investissement au bénéfice de l'ensemble de l'industrie et pas seulement de BT", a indiqué Sharon White, directrice générale de l'Ofcom.

- 'Fiasco italien' -

Le marché semblait de son côté soulagé par cette nouvelle, l'action de BT prenant 4,31% à 344,43 pence, soit la plus forte hausse de l'indice FTSE-100 vers 11H10 GMT.

"Cela met fin à beaucoup d'incertitudes sur l'avenir de BT", estime Neil Wilson, analyste chez ETX Capital, en refermant un feuilleton long de plusieurs mois.

Malgré ce rebond boursier, le titre de l'opérateur est loin d'avoir regagné le terrain perdu en janvier quand il avait révélé l'ampleur des dégâts causés par un scandale comptable retentissant concernant ses activités en Italie.

"Bien que BT a en grande partie achevé son enquête" sur ce "fiasco italien", M. Wilson prévient qu'"il y a un risque que l'on puisse en découvrir davantage".

BT s'est d'ailleurs montré pessimiste pour ses performances financières lors de son exercice annuel qui s'achève fin mars, plombées par ces déboires en Italie qui ont un coût estimé pour l'heure à un demi-milliard de livres.

Le groupe, qui a par ailleurs cassé sa tirelire pour conserver les droits de la Ligue des Champions de football pour plus d'un milliard de livres sur trois ans, va en outre se doter à partir du 1er novembre d'un nouveau président du conseil d'administration avec Jan du Plessis, en provenance du groupe minier Rio Tinto.

afp/rp