Malgré les nombreux signaux de ralentissement économique à l’échelle mondiale, les places financières ne montrent aucun signe de fébrilité et rebondissent vigoureusement depuis le début de l’année. Les opérateurs ont ainsi retrouvé l’appétit pour le risque, à la faveur de politiques monétaires qui resteront très accommodantes mais surtout en raison des espoirs d’un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis, qui éviterait de nouvelles surenchères sur les barrières douanières.

Au niveau de la macroéconomie, les récentes données confirment la dégradation générale des perspectives. Aux Etats-Unis, on constate une baisse de 0.6% des commandes industrielles et de la production, une remontée du chômage à 4%, la chute de 1.2% des ventes au détail (plus fort repli mensuel en 10 ans). L’ISM services recule à 56.7 et la hausse des prix à la consommation ralentit (+1.6% contre +1.9% précédemment), de même qu’en Chine. Le moral des ménages se dégrade également. La Fed a d’ailleurs indiqué qu’elle serait patiente avant de remonter ses taux et qu’elle établirait des plans pour mettre un terme à la réduction de son bilan « lors des prochaines réunions ». Elle serait également prête à recourir aux achats d'obligations si nécessaire en cas de crise financière.

En Europe, la BCE constate elle aussi une décélération de l’inflation et un ralentissement économique clairement plus fort et large qu’attendu. Elle a laissé entendre que les taux ne seraient par relevés avant l’été 2019, voire tout au long de l’année si l’économie continue de s’affaiblir. L’institution a confirmé son intention de recourir aux TLTRO, compte tenu des récents abaissements des prévisions de croissance, constatés clairement en Allemagne et en Italie notamment.

Au niveau des sociétés, les bénéfices de l’indice S&P 500 sont attendus en hausse de 16,8% au quatrième trimestre mais en repli de 0,1% sur les trois premiers mois de 2019, une première depuis 2016. Pour le moment, environ 80% d’entre elles ont dévoilé leurs comptes, avec une croissance moyenne de 11% des bénéfices et 6.6% pour les ventes.

Avec des perspectives quelque peu dégradées, les opérateurs pourraient opter pour la prudence dans les semaines à venir et focaliser leur attention sur l’évolution des tractations commerciales sino-américaines qui pourraient avoir une réelle incidence sur l’économie mondiale. Les négociations semblent pour le moment en bonne voie, comme en témoignent les propos encourageants de Xi-Jinping et D. Trump, ce dernier envisageant de repousser la date-butoir du 1er mars, pour l’entrée en vigueur des nouvelles taxes sur les importations chinoises. Les prochaines annonces pourraient ainsi être source de volatilité, d’autant plus avec les incertitudes persistantes en Europe (Brexit, Italie). Il convient donc de rester prudent sur les marchés.

Graphiquement, l’indice parisien a fortement rebondi depuis son point bas de fin décembre, dans le sillage des autres places financières. Le CAC40 s’inscrit désormais en hausse de près de 9% depuis le 1er janvier, et certaines valeurs affichent d’ores et déjà des performances exceptionnelles, à l’image d’Airbus (aéronautique +32%), Dassault Systèmes (services et conseils en informatique +23%) ou encore Carrefour (distribution +19%).
En données hebdomadaires, un biais positif reste privilégié au-dessus des 4950 points, avec la zone des 5250 points en ligne de mire. Seul le dépassement de ce niveau autoriserait une poursuite du rattrapage en direction des 5360 points puis 5500 points. A plus court terme, l’indice pourrait marquer une pause, après la forte hausse de ces dernières semaines. Un retour vers les 5000 points constituerait ainsi une opportunité de revenir à l’achat avec un meilleur timing.