Les publications trimestrielles d’entreprises du jour ont en grande majorité reçu un bon accueil sur le marché français, ce qui contribue à alimenter une troisième séance de rebond du CAC40, qui flirte à nouveau avec les 5.400 points, un cap qui n’a plus été franchi depuis le début du mois de février dernier. L’indice parisien gagne précisément 0,15% à 5.389 points autour de 10h00.

Bien sur les marges, un peu moins sur les ventes pour Soitec, mais tant pis (+8,8% à 67,70 euros). Le dernier trimestre de l’exercice décalé de la société (janvier à mars) est plus dynamique que prévu, ce qui permet à la direction de tabler sur une marge d’Ebitda bien supérieure aux 25% programmés et au titre de s’envoler en matinée. Il faudra attendre le 13 juin pour prendre connaissance des chiffres exacts. Avec 310,6 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, un peu moins toutefois que les attentes du consensus (315 ME), la société iséroise réalise ses meilleures ventes depuis 2012.

Un seul être vous manque, vraiment ? (+4,6% à 58,78 euros) chez Publicis. Le mandat d’Arthur Sadoun aux commandes du géant français de la publicité démarre sous de bons auspices. Le dirigeant successeur de l’indéboulonnable Maurice Lévy entame son premier exercice entier (il est arrivé aux affaires en juin 2017) par un premier trimestre 2018 en croissance organique de 1,6%. Véritable baromètre du secteur, la croissance organique est le talon d’Achille du groupe depuis qu’il a entamé sa vaste réorganisation il y a plusieurs années. Sur le trimestre écoulé, elle dépasse donc largement les attentes de la place (0,9%) et s’accompagne de gains de budgets symboliques comme Mercedes et Carrefour. Sadoun reste prudemment optimiste, dans la mesure où son groupe a par le passé déjà connu des embellies éphémères, mais la tendance de fond semble désormais plus porteuse. D’ailleurs, l’américain Omnicom a lui aussi dépassé les attentes.

Presque nickel, Eramet (+3,1% à 163,70 euros). Le principal groupe minier français a fait progresser ses ventes de 2% au 1er trimestre 2018, à 870 millions d’euros, grâce au manganèse (+3%) et au nickel (+14%), qui ont compensé la baisse des alliages. La bonne nouvelle, c’est que les prix spots des deux minerais étaient en vive hausse sur un an durant le trimestre. La mauvaise, c’est que l’évolution de la parité euro-dollar a coûté 15% au chiffre d’affaires. Pour autant, les perspectives sont positives mais toujours prudentes, compte tenu des tensions internationales.

Chaînes gratuites et radio dopent M6 (+2,4% à 21,02 euros). Une bonne croissance à deux chiffres au premier trimestre tend à confirmer le retournement de tendance favorable aux médias en France. M6 a fait progresser ses revenus de 11% grâce à l’embellie publicitaire et à l’intégration du pôle radio. TF1 en profite également avec un titre en hausse de 1,5% à 10,54 euros.

L’euro fort ne pénalise pas les marges de Schneider (+1,7% à 74,12 euros). Le groupe de Jean-Pascal Tricoire s’est remis en ordre de marche, et ça se voit. La croissance organique des ventes au premier trimestre 2018 a largement dépassé les attentes et masque un chiffre d’affaires facialement en baisse à cause de l’impact de l’euro fort. Qu’importe, puisque le groupe estime disposer de suffisamment de visibilité pour viser le haut de la fourchette de ses objectifs de son résultat opérationnel ajusté (Ebita), 4 à 7%. Le directeur financier Emmanuel Babeau met cette solide performance sur le compte de marchés porteurs mais aussi du levier apporté par l’offre innovante de l’entreprise.

Patron, la même chose ? Pernod Ricard (-1% à 138 euros) a surpris avec des ventes meilleures que prévu sur le troisième trimestre fiscal, notamment grâce à une performance très robuste en Asie où le décalage du nouvel an chinois a joué à plein. Le management a ainsi pu resserrer dans le haut de la fourchette ses projections annuelles (4 à 6% de hausse du résultat opérationnel courant). Cerise sur le gâteau, la politique de dividende va être améliorée, puisque le conseil recommande d'augmenter progressivement le taux de distribution sur les trois prochaines années à environ 50% du résultat net courant, alors que le curseur était jusque-là proche de 33%. Pas de quoi dérider le marché, qui s’attendait à un relèvement de prévisions. Le groupe aura le loisir de convaincre les investisseurs lors de la conférence prévue en juin, qui pourrait donner l’occasion aux dirigeants de viser plus haut.