(Répétition mastic §1)

par Kanupriya Kapoor et Randy Fabi

DJAKARTA, 14 janvier (Reuters) - Gérant de cybercafé passé ensuite par la prison, Bahrun Naim est présenté depuis jeudi par les autorités indonésiennes comme l'instigateur de l'attaque qui a fait sept morts à Djakarta.

Selon la police, il agirait de Rakka, capitale officieuse de l'Etat islamique, organisation qui a revendiqué l'attentat dans lequel deux civils et cinq assaillants ont été tués.

Bien avant de rejoindre la Syrie, Bahrun Naim a été arrêté en 2011 pour détention d'armes et emprisonné pendant trois ans. Il a mis cette période à profit pour tisser un réseau de combattants, qui ont essaimé autour de Solo et dans le centre de l'île de Java, la plus vaste de l'archipel indonésien.

Selon les autorités, il a gagné la Syrie l'année dernière et c'est à partir des territoires contrôlés par Etat islamique qu'il a coordonné l'attaque de jeudi, la première commise par l'EI en Indonésie, que l'organisation voit en tête de pont asiatique de son califat.

Peu de temps après les attentats commis en novembre à Paris et Saint-Denis, Bahrun Naim a publié sur son blogue une note dans laquelle il expliquait à quel point il était aisé de glisser de la guérilla à des attaques visant des centres urbains.

Reuters l'a contacté le 24 novembre via l'application de messagerie Telegram. Dans l'échange qui a suivi, il a déclaré qu'il y avait en Indonésie suffisamment de sympathisants de l'EI pour que des attaques y soit menées en son nom.

UN MILLIER DE PARTISANS

Il y a également vanté la qualité de vie en Syrie et écarté toute idée de retour en Indonésie.

"Je me déplace, je vais où notre émir me demande d'aller. On est bien ici en Syrie. Il y a l'électricité, des logements, de l'eau et c'est gratuit. Les services qu'ils fournissent sont bons et moins chers qu'en Indonésie.

Selon des spécialistes du renseignement, les autorités ont peu de temps après commencé à intercepter des échanges laissant entrevoir la préparation d'une attaque en Indonésie.

"Les discussions entre islamistes se sont intensifiées le mois dernier et, pour la première fois, des attaques simultanées ont été évoquées", a dit un expert de la surveillance des groupes de discussions fréquentés par les djihadistes.

Selon le contre-terrorisme indonésien, l'EI compterait un millier de sympathisants à travers le pays.

Les écoutes téléphoniques et la surveillance ont mené à l'arrestation d'une dizaine d'hommes qui projetaient de s'en prendre à la minorité chrétienne à Noël et au nouvel an.

Du matériel servant à fabriquer des bombes, une ceinture pouvant être équipée d'explosifs et des "manuels du djihad" ont été retrouvés lors de perquisitions. Parmi les interpellés, figuraient un certain nombre de personnes ayant reçu des financements et un soutien de Bahrun Naim.

Tito Karnavian, chef de la police de Djakarta, a dit que l'attaque de jeudi était planifiée depuis un certain temps par Bahrun Naim qui aurait l'ambition de prendre la tête de l'Etat islamique en Asie du Sud-Est. (Nicolas Delame pour le service français)