"Vous dirigez Cardio3 BioSciences, une biotech belge spécialisée dans la médecine régénérative. De quoi s’agit-il exactement ?
Cardio3 BioSciences est porteur d’un changement de paradigme dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. Il s’agit d’une pathologie lourde qui survient généralement après un infarctus pour laquelle il n’existe pas de traitement à l’heure actuelle : seuls les symptômes sont pris en charge. Notre approche vise à réparer le cœur lorsqu’il ne fonctionne plus correctement. Comment ? En reprogrammant des cellules souches du patient afin qu’elles se transforment en cellules réparatrices du cœur. Nous avons déjà franchi plusieurs étapes, dont une étude de phase II portant sur 45 patients qui a montré que notre produit, C-Cure, permettait d’augmenter de 25% la puissance de leur cœur. Nous avons lancé il y a un et demi l’étude de phase III (la dernière avant commercialisation, ndlr) en Europe. Les résultats sont attendus fin 2015/début 2016 Une deuxième étude, similaire, sera lancée d’ici la fin de l’année aux Etats-Unis.

Etes-vous en concurrence avec le cœur artificiel de Carmat ?

Carmat vise les patients atteints d’insuffisance cardiaque avancée en phase terminale. Nous voulons proposer une autre chance de traitement, avec une autre approche, à un stade moins avancé de la maladie. En moyenne, les patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère font trois à quatre séjours en soins intensifs par an. La communauté médicale attend avec impatience des solutions pour traiter ces patients. Pour l’heure il n’y en a aucune.

Vous avez récemment annoncé l’acquisition de la société américaine CorQuest Medical. Quel est l’objectif de ce rachat ?
L’acquisition de CorQuest s’inscrit dans le cadre de notre stratégie d’élargissement de notre portefeuille et de création de valeur à court terme. La technologie de CorQuest, actuellement en phase d’étude préclinique avancée, consiste en une nouvelle voie d’accès au cœur, directement par l’oreillette gauche. De nombreux dispositifs thérapeutiques déjà existants pourraient bénéficier de cette approche peu invasive, notamment dans le traitement des pathologies liées à l’insuffisance cardiaque. Notre l’objectif est de commercialiser cette technologie d’accès au cœur dès 2016.
Nous envisageons d’autres acquisitions dans les prochains dans le domaine de la médecine régénérative (cœur, foie, rein) et des thérapies cellulaires. Nous avons noué un partenariat en ce sens avec la Mayo Clinic, l’un des principaux centres de recherche médicale aux Etats-Unis, qui nous a déjà licencié les brevets pour développer notre traitement C-Cure de régénération cardiaque.

Comment comptez-vous financer ces futures acquisitions, ainsi que votre programme d’études cliniques ?

Nous avons la chance d’avoir à notre capital des investisseurs de long terme qui nous accompagnent dans nos différents projets. Nous avons réalisé fin juin une augmentation de capital de 25 millions d’euros auprès de la société Medisun liée au fonds souverain chinois, avec une prime de 14% par rapport à notre cours de bourse de l’époque. Medisun s’est par ailleurs engagée à financer plusieurs essais pivot de notre produit en Chine. Nous n’avons pas de problème de financement à l’heure actuelle. Contrairement à d’autres biotech nous n’envisageons pas d’être rachetés, à court ou moyen terme, par un grand groupe pharmaceutique mais nous voulons devenir un leader dans le domaine de la médecine régénérative et de thérapies cellulaires immunitaires.
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