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PARIS (awp/afp) - Des cheminots, postiers, personnels d'Air France en grève, des agents RATP, salariés de la distribution et étudiants en colère: ils étaient une centaine samedi à la gare Saint-Lazare, à Paris, pour partager leurs revendications et appeler à la "convergence des luttes".

En cette fin de matinée de départ en vacances et jour de grève à la SNCF, il n'y a pas foule. Quelques trains sont à quai. Un prêtre en soutane court sa valise à roulettes à la main pour grimper dans celui partant à 11H03, direction Le Havre. Plus loin, au bout du quai n°27, des cheminots grévistes s'apprêtent à démarrer leur assemblée générale et à donner la parole à leurs invités.

Franck, aiguilleur à Saint-Lazare, cheminot depuis 1999 et délégué syndical SUD-Rail, est "en grève illimitée depuis le 3 avril", dit-il à l'AFP avant le début de l'AG. "Je ne suis pas payé. J'essaie de m'arranger." Pour lui, la réforme de la SNCF telle que voulue par le gouvernement, "ce n'est pas négociable".

Aurélien Marchand, délégué SUD-Rail, est lui aussi un gréviste non-stop, qui suit ainsi l'appel à la grève illimitée de son syndicat. "On va débattre surtout de ce qui ne va pas dans les services publics. C'est une question de fond, souligne-t-il. Est-ce qu'un service public doit être rentable? Est-ce qu'il y a une dette à l'armée, à la police?".

Il grimpe à l'avant d'une locomotive orange, décorée de drapeaux SUD et CGT. Ce sera l'estrade des orateurs.

Premier à prendre la parole, Nicolas, cheminot CGT, affirme que "la grève est toujours aussi forte" à la SNCF - malgré des taux de grévistes annoncés en baisse - et même "encore plus forte" dans certaines régions. "On va gagner grâce à la stratégie" de grève deux jours sur cinq du trio CGT-Unsa-CFDT, prévoit-il. Et "la mobilisation du 19" avril, journée d'action interprofessionnelle CGT et Solidaires, "doit être une réussite"!

Au président Emmanuel Macron qui "rêve de casser le service public, on peut dire que nous serons son pire cauchemar", promet ensuite David de SUD-Rail, appelant à "se battre pour les conditions de travail, les salaires, le service public et, plus globalement, pour construire une autre société".

- Contre "la destruction sociale" -

Héloïse, du Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants (BAAM), grimpe à son tour sur la loco, appelant à manifester dimanche à Paris contre le projet de loi "asile et immigration", qui sera débattu à partir de lundi à l'Assemblée nationale. "La migration a toujours été le laboratoire de la destruction sociale", dénonce-t-elle.

Puis c'est Pablo, enseignant-chercheur et militant CGT, qui s'exprime au micro. A l'université, "ça craque de partout. Il y a de moins en moins de profs. Des départs à la retraite ne sont pas remplacés".

"Tous ensemble, on peut casser ceux qui ont le pouvoir" et empêcher "la précarisation du boulot", estime Alexandre (SUD), qui travaille à Air France, où une mobilisation est en cours pour les salaires. Laurent, de la CGT Commerce, revient sur la grève récente chez Carrefour et appelle à se mobiliser "le 19 avril".

Estéban, facteur des Hauts-de-Seine, est lui en grève "depuis le 26 mars". "Nous sommes opposés à la dégradation de nos conditions de travail et pour la convergence des luttes. Nous sommes la force exécutive qui fait tourner ce pays", explique-t-il, au côté de Gaël Quirante, un militant SUD-PTT dont le licenciement a été validé en mars par la ministre du Travail Muriel Pénicaud. M. Quirante avait été condamné pour la séquestration en 2010 de cadres de La Poste, dans le cadre d'une grève qui avait duré plus de deux mois.

Philippe, CGT RATP, veut secouer les "directions syndicales". Il exige d'elles une "grève générale SNCF-RATP" car "bloquer Paris, c'est bloquer Macron!".

Victor, "l'un des sept étudiants interpellés lundi dernier à la fac de Nanterre", dénonce "une remise en cause de l'université gratuite, ouverte à tous". Son souhait? Que "la convergence s'exprime au quotidien par la grève" et contre "une société qui écrase".

er/lum/spi