* Les prix dans la grande distribution en baisse sur un an pour le 5e mois consécutif

* Une relation inverse entre dynamique des prix et performance boursière du secteur

* Sauf en phase de déflation

13 mars (Reuters) - La grande distribution s'installe dans la déflation et les investisseurs, pourtant prompts à saluer la modération des prix en faisant monter les valeurs du secteur, s'en inquiètent à l'instar des dirigeants de certaines grandes enseignes.

Les prix des produits de grande consommation dans la grande distribution en France affichent un recul de 0,1% sur un an en février, leur cinquième mois consécutif de baisse en glissement annuel, selon les données publiées jeudi par l'Insee.

Les performances boursières du secteur - principalement de Carrefour et Casino - évoluent à l'inverse de la dynamique des prix.

Cette relation a priori contre-intuitive, un ralentissement de la hausse des prix devant pénaliser les marges, peut s'expliquer par des effets volumes. Quand les prix augmentent moins vite, les consommateurs retrouvent le chemin des rayons et les distributeurs celui des profits.

La performance en glissement annuel de l'indice sectoriel de la grande distribution évolue ainsi à l'inverse de la variation sur un an de l'indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution : la hausse des prix ralentit, la hausse de l'indice accélère ; la hausse des prix accélère, la hausse de l'indice ralentit voire passe en territoire négatif.

Graphique de l'évolution comparée de l'indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution et de la performance boursière du secteur sur un an glissant :

http://link.reuters.com/neb67v

Cette relation inverse est toutefois rompue depuis l'entrée de la grande distribution en déflation en octobre dernier. Avec le passage à la baisse des prix, la performance du secteur a cessé de s'améliorer, marquant nettement le pas. Il en avait été de même lors du précédent épisode de déflation à la mi-2010.

Serge Papin, le président du groupement Système U, a lancé une mise en garde au début février contre les risques déflationnistes induits par la guerre des prix dans la distribution. La guerre des prix "entraîne déflation, perte de volumes et destructions d'emplois", a-t-il prévenu, disant s'attendre en 2014 à une baisse en valeur du marché alimentaire français comprise entre 0,5% et 1%.

Ses concurrents n'envisagent toutefois pas d'enterrer la hache de guerre dans l'immédiat.

"Nous allons vivre une année de déflation", a déclaré le directeur général d'Auchan France lundi. Il a précisé que les baisses de prix, destinées à redresser les parts de marché du distributeur en France, seraient financées grâce à de meilleurs coûts d'achats.

Le PDG de Carrefour, Georges Plassat, a lui aussi laissé entendre que les politiques d'achats comptaient parmi les leviers permettant aux distributeurs de baisser leurs prix sans trop rogner leurs marges.

Une stratégie que les investisseurs ne semblent toutefois pas valider si elle doit se prolonger. (Marc Joanny, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : CARREFOUR, CASINO GUICHARD