Carrefour bondit de 5,88% à 19,55 euros, dépassant le cours qui était le sien à la veille de son avertissement sur résultats du 31 août, après la présentation de son plan stratégique "Carrefour 2022". "Ce plan stratégique coche toutes les cases", a salué l'analyste de Bernstein, résumant le sentiment général après cette présentation. Pour soutenir sa rentabilité d'abord, Carrefour a dévoilé un plan de réduction de ses coûts de 2 milliards d'euros sur cinq ans, qui passera notamment par une baisse de ses coûts de structure et une simplification de son organisation.

Ainsi, 2 400 postes seront supprimés au siège du groupe en France, sur la base du volontariat. De plus, des niveaux hiérarchiques vont être supprimés pour "retrouver la cohérence du groupe, décloisonner. Avec l'organisation actuelle, nous subissons les inconvénients du conglomérat sans bénéficier de la diversification des risques", résume Alexandre Bompard, PDG de Carrefour.

Carrefour va renégocier ses contrats d'achats et céder des magasins Dia déficitaires

Une autre piste d'économies est la renégociation des contrats d'achats avec l'objectif de profiter de la présence internationale de Carrefour pour "massifier" les achats et ainsi réaliser des économies d'échelle. Troisièmement, Alexandre Bompard a décidé de stopper 500 projets d'investissements, notamment la construction d'un nouveau siège de 30 000 mètres carrés. "Les budgets seront adaptés au potentiel des magasins et nous ne participerons plus à la course aux parts de marché dans les pays matures en multipliant les mètres carrés", assure le patron du distributeur.

Cette rationalisation passera aussi par la sortie de 273 magasins ex-Dia du périmètre du groupe et par la réduction de la taille de certains hypermarchés, en France notamment. Les mètres carrés ainsi cédés pourront être soit vendus aux galeries commerciales attenantes, soit accueilleront des magasins Promo Cash, l'enseigne à bas coûts de Carrefour.

Fort des marges de manœuvre qu'il espère ainsi retrouver, Carrefour va mieux cibler ses investissements, pour un montant de 2 milliards d'euros d'ici 2022. Là encore, le groupe répond à une attente forte des analystes et des investisseurs en annonçant particulièrement une forte hausse de ses dépenses dans le digital. Ainsi, sur cinq ans, les coûts d'investissement et d'exploitation de la marque digitale de Carrefour s'élèveront à 2,8 milliards d'euros, soit six fois plus que les investissements actuellement consentis.

Carrefour met le cap sur l'omnicanal

L'enjeu est de mettre en place un groupe réellement omnicanal, véritable marotte d'Alexandre Bompard déjà déployée chez Fnac-Darty. "L'omnicanal est la condition indispensable de nos succès futurs", a martelé le PDG de Carrefour après avoir pris acte de l'échec du groupe dans le drive et du retard pris dans la digitalisation. Concrètement, cet effort va se traduire par le passage sous une bannière unique, carrefour.fr, de l'ensemble des sites et applications du groupe. Carrefour a noué un partenariat avec Publicis.Sapient pour accélérer cette transformation.

De plus, des partenariats ont été annoncés avec Stuart, filiale de La Poste, pour développer des services de livraison à domicile, ainsi qu'avec le géant chinois Tencent. Carrefour s'est fixé pour objectif d'atteindre 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en ligne contre 1,2 milliard en 2016.

Par ailleurs, Carrefour fait de l'amélioration de sa compétitivité commerciale une priorité. Une partie des économies réalisées sera donc réinvestie dans les prix. Le développement de l'offre en marque propre, qui doit représenter un tiers du chiffre d'affaires du groupe d'ici 2022, est un des éléments de cette stratégie. Une autre piste est la refonte de l'offre pour accompagner la tendance vers de l'alimentation plus saine : Carrefour souhaite ainsi atteindre 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le bio d'ici 2022.