A mi-parcours de son mandat, le PDG Georges Plassat qui s'était donné trois ans pour remettre Carrefour sur les rails, a affiché mercredi sa confiance dans la poursuite de l'amélioration des performances du groupe.

"L'année et demie qui reste (jusqu'à l'échéance du plan), je la sens bien. La société ne décevra pas le marché", a-t-il déclaré, estimant que la France et l'Espagne, premier et troisième pays du groupe, étaient sur la bonne voie.

Après deux années de baisse, le résultat opérationnel courant de Carrefour, deuxième distributeur mondial derrière Wall Mart, a progressé de 5,3% à 2,238 milliards d'euros, un chiffre très légèrement supérieur au consensus Thomson Reuters I/B/E/S de 2,22 milliards.

Hors effets de change négatifs liés à la baisse des monnaies d'Amérique latine, il grimpe de 9,8% à la faveur d'une vigoureuse progression des résultats en France dans un contexte économique pourtant difficile, et à de solides performances au Brésil.

En France, qui pèse pour 47% des ventes et constituait le premier des grands chantiers de Georges Plassat, Carrefour récolte les fruits de son plan de reconquête et voit son résultat opérationnel grimper de 30% grâce à un retour à la croissance organique de tous les formats, à une amélioration de la marge commerciale et à une maîtrise des coûts.

Cette performance s'est traduite par une très forte amélioration de la rentabilité, qui a atteint 3,4% des ventes contre 2,6% en 2012.

Carrefour a investi l'an dernier plus d'un milliard d'euros dans la rénovation de son parc d'hypermarchés français.

LA CHINE À LA PEINE

A l'inverse, dans le reste de l'Europe (26% des ventes), le résultat opérationnel a chuté de 23%, plombé par la baisse des ventes en Italie et en Espagne, avec une marge en baisse de 50 points de base à 2,0%. Les tendances se sont cependant améliorées au second semestre grâce au redressement des ventes en Espagne, a souligné le directeur financier Pierre-Jean Sivignon.

Dans les pays émergents, la solide progression des résultats en Amérique latine (+18,6% à changes constants), tirés par le Brésil, a été contrebalancée par une contre-performance en Asie, où ils ont plongé de 25,8%, impactés par la hausse des salaires et des coûts liés à l'expansion du réseau en Chine, où Carrefour a ouvert 20 magasins l'an dernier.

Au total, le groupe a amélioré sa rentabilité opérationnelle de 20 points de base à 3,0% en 2013, un niveau qui reste encore nettement inférieur aux 4,9% de son concurrent Casino, plus exposé aux pays émergents.

Le rebond des résultats en France a été salué par le marché, le titre Carrefour gagnant 4,3% à 15h40 à la Bourse de Paris, meilleure performance de l'indice CAC 40 (-0,15%).

"Carrefour est sur la bonne voie. Les résultats sont encourageants. La seule déception vient d'Asie", commentent les analystes de la Société générale dans une note.

Les multiples de valorisation du groupe ressortent à 16,5 fois ses résultats estimés pour 2014, contre 14,53 fois pour Casino et 11,17 fois pour le britannique Tesco.

DIVIDENDE EN HAUSSE

En 2014, le distributeur entend poursuivre sur sa lancée et consacrer entre 2,4 et 2,5 milliards d'euros (après 2,2 milliards en 2013) aux rénovations et à l'expansion de son réseau de magasins en France (à hauteur d'environ un milliard d'euros), en Chine et au Brésil.

En Italie, qui amorce son retournement, les résultats ne seront pas sensibles avant deux ou trois ans, a averti le PDG.

Concernant la Chine, il a reconnu que le retour sur investissement était long, qu'il fallait ajuster le modèle, régler des problèmes logistiques lourds et s'ancrer davantage localement. "Les petites impatiences gâtent souvent les grands projets", a-t-il lancé dans un sourire.

Pressé de questions sur les moyens de financer la croissance au Brésil, Georges Plassat a annoncé que Carrefour pourrait ouvrir son capital ou mettre en Bourse une partie de ses actifs en 2015. Il a cependant souligné qu'il ne s'agissait pas tant de trouver des moyens de financement que d'un besoin d'ancrage dans le pays aux côtés d'un partenaire local.

Le bénéfice net part du groupe a atteint 1,263 milliard d'euros en 2013 (+0,3%), tandis que le résultat net des activités poursuivies a été multiplié par plus de six, à 948 millions. Carrefour avait déjà fait état en janvier d'un chiffre d'affaires annuel de 84,3 milliards d'euros (TTC), en progression de 2,5% à données comparables, sa meilleure performance depuis 2007.

Le dividende proposé progresse à 0,62 euro par action, contre 0,58 euro en 2012.

La dette nette recule de 203 millions d'euros pour s'établir à 4,117 milliards d'euros.

(Avec Blaise Robinson, édité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis