Paris (AFP) --Les trois premiers syndicats de Carrefour ont dénoncé mardi la "méthode" du géant de la distribution qui a annoncé la suppression de 2.400 postes dans les sièges du groupe via un plan de départs volontaires, FO redoutant un plan "bien plus vaste".

Cette crainte a été d'ailleurs confirmée par le PDG du groupe Alexandre Bompard qui a précisé lors d'une conférence de presse que le projet de sortie de 273 ex magasins Dia du groupe pourrait se traduire par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pour les 2.100 salariés concernés, faute de trouver des repreneurs.

"Ce qu'on retient, c'est la méthode", il n'y a "pas de stratégie de discussion avec les partenaires sociaux", a déclaré à l'AFP Michel Enguelz (FO). "Que les salariés l'apprennent par la presse, c'est une erreur fondamentale", a renchéri Sylvain Macé (CFDT), "un scandale" pour Philippe Allard (CGT).

Outre la "rationalisation" des effectifs de ses sièges en France, qui seront réduits de 2.400 postes sur 10.500, Carrefour a aussi annoncé une réduction des coûts de deux milliards d'euros dès 2020 en année pleine, notamment via des économies sur la logistique et les coûts de structure, ainsi qu'un projet de réduction de 273 magasins anciennement Dia.

Qualifiant d'"énorme" le plan annoncé sur les sièges, M. Enguelz s'est élevé contre la présentation de chiffres "morcelés, minimalistes", qui ne prennent "pas en compte" les centaines de postes (stations essence, administratif) déjà en suspens dans les hypermarchés, le passage en location gérance de cinq hypermarchés et les ex magasins Dia, rachetés en novembre 2014 par Carrefour.

"On est sur quelque chose de bien plus vaste que ce qui est annoncé, Carrefour continue d'avancer masqué", a ajouté le représentant FO, premier syndicat du groupe.

Quant au passage confirmé de cinq hypermarchés en location gérance, soit plus de 600 salariés au total, c'est "bien une façon déguisée d'éliminer" des effectifs, a jugé M. Enguelz.

Les salariés de l'hypermarché de Château-Thierry (Aisne), concerné, sont d'ailleurs appelés à faire grève ce mardi par la CFDT pour dénoncer les "très lourdes conséquences sur la rémunération et le statut collectif" des employés, avec une perte de rémunération estimée à "deux mois par an".

Pour les syndicats, ces cinq passages en location gérance ne sont qu'une "première vague". "Ca s'accentuera en 2019", prédit la CGT. FO et CFDT évoquent une quarantaine potentiellement visés.

La réduction des coûts logistiques annoncée les inquiète aussi. Les entrepôts emploient "7.000 à 8.000" personnes, selon la CGT qui craint là aussi des effectifs revus à la baisse.

Un comité de groupe France extraordinaire est convoqué vendredi.

"Il y a encore des obligations légales en France", comme celle "d'informer les institutions représentatives du personnel avant la presse", a observé la CFDT à propos des annonces du PDG. Le comité de groupe "sera l'occasion de voir comment on traite la question".