(Actualisé avec la réaction de la Fédération du commerce et de la distribution §11 à §13)

PARIS, 23 février (Reuters) - Les négociations sur les prix des produits alimentaires se passent très mal, a déclaré vendredi la présidente de la FNSEA, à la veille de la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture où elle entend l'accueillir de façon "directe".

"Il va être accueilli bien sûr poliment, et respectueusement mais de façon très directe", a déclaré sur BFM TV la dirigeante du syndicat agricole majoritaire Christiane Lambert. "Nous allons lui dire très clairement les yeux dans les yeux ce qui va, ce qui ne va pas."

Emmanuel Macron a livré jeudi un discours offensif devant la nouvelle génération d'exploitants agricoles, prônant la fin de décennies de "promesses non tenues" et en se posant en garant des intérêts français sur le marché mondial.

Christiane Lambert a déploré vendredi une certaine incompréhension entre le président de la République et des agriculteurs. "Il faut qu'il comprenne aussi qu'au plus profond de la ruralité son discours n'est parfois pas très très bien compris", a-t-elle déclaré.

Evoquant le traité de libre échange entre l'Union européenne et le Mercosur, actuellement en négociation, elle a souligné "un désaccord profond entre Macron et la profession agricole" et estimé que l'accord risquait de faire perdre 20.000 à 25.000 exploitations à l'agriculture française.

Elle a cependant salué l'instauration de "verrous réglementaires" pour les achats de terres agricoles par des investisseurs étrangers, quelques mois après l'acquisition par un investisseur chinois de terres à blé dans l'Indre et dans l'Allier. "Le fait que Macron vienne sur ce sujet est une bonne nouvelle", a-t-elle dit.

UNE HAUSSE DE 3,21 EUROS

Sur le plan national, les relations entre producteurs et distributeurs restent "terribles", a-t-elle cependant estimé à huit jours de la conclusion des négociations commerciales amenées à fixer les prix de produits alimentaires.

"Ça se passe très mal. Ce système de toujours moins cher est pervers", a-t-elle déclaré. "La réalité de ce qui nous revient des entreprises, c'est une pression à la baisse de -2, -3, -4 (pour cent)", a-t-elle poursuivi.

Le rééquilibrage des prix agricoles promis par le gouvernement pour garantir des revenus décents aux agriculteurs ne devrait faire monter les prix que de 0,7%, soit 3,21 euros par mois pour un ménage, a-t-elle estimé, fustigeant les "mensonges" des distributeurs.

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a noté à l'inverse "des progrès notables pour la négociation des produits à forte composante agricole".

Les résultats de la deuxième enquête de l'Observatoire des relations commerciales révèlent, selon elle, un taux de conclusion d'accords "très élevé, entre 50 et 90% selon les enseignes, notamment pour les PME en région".

"Il est temps de sortir des postures et des procès d'intention, pour donner enfin la priorité au développement, filière par filière, des producteurs aux distributeurs, d'un secteur agroalimentaire français capable de satisfaire les exigences de qualité des consommateurs", a-t-elle fait savoir par communiqué. (Julie Carriat, avec Caroline Pailliez et Pascale Denis édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Carrefour, Casino Guichard-Perrachon