Un contentieux commercial qui n'en finit pas entre les Etats-Unis, la Chine et l'Europe a bien contribué lui aussi à réfréner les ardeurs des investisseurs.

Le président américain Donald Trump a menacé vendredi d'instaurer des droits de douane de 20% sur la totalité des voitures assemblées en Europe et importées aux Etats-Unis, un mois après l'ouverture d'une enquête censée déterminer si ces importations menacent la sécurité nationale.

Quelques jours auparavant, Donald Trump menaçait d'imposer des droits de douane de 10% sur 200 milliards de dollars (170 milliards d'euros) de produits chinois, faisant aussitôt réagir Pékin qui évoquait des mesures "quantitatives" et "qualitatives" si le gouvernement américain mettait sa menace à exécution.

Les bisbilles commerciales entre Washington et Pékin ont envoyé le Dow par le fond durant les huit dernières semaines, plombé par de grosses industrielles telles que Boeing et Caterpillar, mal placées pour résister à un climat commercial en passe de devenir délétère.

Wall Street a cependant repris des couleurs grâce à l'Opep et à son accord prévoyant un modeste relèvement de la production à compter de juillet, mais cet arrangement, qui ne comporte pas de chiffres précis, ne sera sans doute pas suffisant pour compenser le recul prévisible des exportations du Venezuela et de l'Iran.

La nouvelle a soutenu un marché pétrolier qui a également salué une baisse du nombre de forages aux Etats-Unis, même si elle est essentiellement symbolique.

"L'heure est à la circonspection pour les investisseurs (...) ce contexte instable, agité et nerveux au jour le jour sera la norme jusqu'à ce que les choses s'apaisent un peu", a dit Andre Bakhos (New Vines Capital).

L'indice Dow Jones a gagné 119,19 points, soit 0,49%, à 24.580,89 points. Le S&P-500 a pris 5,12 points (0,19%) à 2.754,88 points. Le Nasdaq Composite a cédé 20,14 points (0,26%) à 7.692,82 points.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow a perdu 2%, le S&P-500 0,9% et le Nasdaq Composite 0,7%.

Dans le compartiment énergétique, Exxon Mobil et Chevron ont gagné et respectivement 2,12% et 2,05%, poussant l'indice sectoriel vers le haut avec un gain de 2,20%, le plus élevé de la journée.

Parmi les valeurs high techs qui ont souffert, on trouve Red Hat, leader de la distribution de l'OS Linux, dont l'action a chuté de 14,23%, ses prévisions pour le deuxième trimestre et l'exercice annuel s'étant retrouvées en deçà de celles de Wall Street.

Ce vendredi a sans doute été le jour de Bourse le plus actif de l'année car le rééquilibrage des indices Russell a pris effet à la clôture de la seance. La recomposition des indices Russell 1000 (grosses capitalisations) et Russell 2000 (petites capitalisations) intervient chaque année le quatrième vendredi de juin, ce qui oblige les gérants à réajuster leurs portefeuilles pour intégrer les nouvelles pondérations.

Les fonds passifs rééquilibreront le jour de la reconstitution pour minimiser les erreurs de "tracking", tandis que les fonds actifs tentent de tirer parti du moindre écart de cours, ce qui aboutit à un brusque gonflement des volumes dans les tout derniers échanges.

Au 31 décembre, les produits des indices Russell représentaient un encours de 9.000 milliards de dollars, selon FTSE Russell. Sur ce total, les produits d'investissement passif tels que les fonds indiciels (ETF) et les FCP représentent autour de 1.200 milliards de dollars.

Le volume a été de 9,70 milliards de titres échangés contre une moyenne de 7,17 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur le marché obligataire, les rendements des Treasuries n'ont guère varié, fluctuant étroitement tout au long de la séance. Les incertitudes créées par les passes d'arme commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ne poussent pas l'investisseur à s'engager trop avant.

Ainsi, le rendement du 10 ans était en légère hausse vendredi, à 2,9% contre 2,897% jeudi, mais en baisse sur l'ensemble de la semaine, et pour la deuxième d'affilée.

La courbe des rendements a continué de se pentifier, l'écart de rendement entre le papier à 5 ans et celui à 30 ans progressant pour la sixième journée de suite à un pic de 28,7 points de base, le plus élevé depuis plus d'une semaine.

Le "spread" entre le deux et le 10 ans s'est également creusé, à 37,2 points de base.

La journée a été enfin marquée par la remontée de l'euro, porté par des chiffres meilleurs qu'attendu des indices PMI "flash" du secteur des services dans la zone euro, dont le dynamisme fait plus que compenser le ralentissement de la croissance dans le secteur manufacturier.

(Avec Gertrude Chavez-Dreyfuss et Sinéad Carew)

par Medha Singh et Chuck Mikolajczak