La Chine s'est dotée en moins d'une décennie du plus vaste réseau ferré à grande vitesse au monde et elle ambitionne désormais ouvertement d'exporter sa technologie. Cette ambition est toutefois contrecarrée par la féroce concurrence que se livrent les deux constructeurs publics sur certains appels d'offres à l'étranger.

Citant des sources non identifiées, le China Securities Journal rapporte que les deux entreprises ont formé des groupes de travail pour discuter de leur intégration. Il ajoute que la banque d'investissement China International Capital a été désignée pour superviser l'opération.

"Les patrons de CNR et de CSR sont d'accord sur l'intégration de leurs sociétés", affirme une source industrielle citée par le journal.

"Comme le dossier est entre les mains du Conseil d'Etat, cela peut aller très vite et pour le moment, la principale inquiétude porte sur leurs projets et les changements de personnel."

CNR et CSR ont suspendu leurs cotations en Bourse lundi avant d'annoncer dans des communiqués qu'elles régleraient des "questions importantes" aussi rapidement que possible. Les cotations reprendront au bout de cinq jours ouvrés, ont-elles précisé.

Il n'a pas été possible d'obtenir une réaction de leur part au sujet de l'article du China Securities Journal.

Un groupe issu d'une fusion entre CNR et CSR présenterait un chiffre d'affaires annuel d'environ 200 milliards de yuans (25,7 milliards d'euros), selon les données de 2013.

Cité par l'agence de presse Chine nouvelle, Wang Mengshu, expert ferroviaire au sein de l'Académie de Chine, souligne qu'une telle fusion serait destinée à surmonter la concurrence malsaine entre les deux constructeurs et à promouvoir la technologie à haute vitesse de la Chine à l'étranger.

En 2011, CNR et CSR se sont livré une guerre des prix sur un appel d'offres en Turquie, finalement remporté par une société sud-coréenne. Deux ans plus tard, ils ont bataillé sur la vente de trains à l'Argentine, ce qui avait amené le défunt Ministère des chemins de fer à les critiquer ouvertement, rappelle le magazine d'informations financières Caixin.

Plus récemment, les deux constructeurs ont manifesté séparément leur intérêt pour fournir des trains au réseau ferré à grande vitesse de Californie, un projet 68 milliards de dollars (53,5 milliards d'euros) pour lequel les appels d'offres n'ont pas encore été officiellement lancés.

(Avec le bureau de Shanghai; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Brenda Goh