* Quelque 170 personnes, dont des Français, ont été pris en otage

* L'assaut a été donné par les forces spéciales maliennes

* Aucun Français parmi les victimes - Le Drian (Actualisé, six morts russes, peut-être un Israélien tué)

par Tiemoko Diallo et Adama Diarra

BAMAKO, 21 novembre (Reuters) - Vingt-une personnes, dont deux assaillants, sont mortes vendredi au Mali lors de l'attaque d'un grand hôtel de Bamako revendiquée par les groupes islamistes Al Mourabitoune et Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a annoncé le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta.

L'attaque contre l'hôtel Radisson Blu a également fait sept blessés, a précisé Ibrahim Boubacar Keïta, qui a décrété l'état d'urgence dans l'ensemble du pays pour une durée de dix jours à partir de vendredi minuit.

L'attaque lancée dans la matinée s'est transformée en longue prise d'otages. L'assaut a été donné par les forces spéciales maliennes pour libérer les 170 personnes retenues après plus de sept heures de confrontation.

Un témoin direct, Modi Coulibaly, qui a assisté au début de l'attaque, a déclaré que les assaillants avaient tué deux gardes de l'hôtel devant ses yeux et blessé une autre personne d'une balle dans le ventre. L'établissement visé accueille de nombreux étrangers.

Un ressortissant belge, employé au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, figure parmi les morts, a fait savoir son employeur. Une ressortissante américaine a également été tuée, selon le département d'Etat, qui précise qu'elle s'appelait Anita Datar, avait 41 ans et travaillait pour une agence humanitaire.

Trois Chinois, cadres supérieurs de l'entreprise nationale China Railway Construction, figurent aussi au nombre des tués.

Six employés de la compagnie aérienne régionale russe Volga-Dnepr ont aussi été tués dans l'attaque, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères. Six autres Russes ont pu être secourus.

Selon la presse israélienne, un Israélien a également péri mais cette information n'a pas été confirmée officiellement.

AUCUN FRANÇAIS PARMI LES VICTIMES

Le président russe Vladimir Poutine a adressé un télégramme de condoléances à son homologue malien en lui déclarant que la "coopération internationale la plus large" était nécessaire pour combattre le terrorisme, selon un communiqué du Kremlin.

La Chine a également fait part de son intention de renforcer sa coopération en matière de lutte internationale contre le terrorisme.

Cette attaque "renforce notre détermination à relever le défi (du terrorisme)", a déclaré de son côté le président Barack Obama. "Les Etats-Unis seront impitoyables."

Six Américains ont pu être exfiltrés de l'hôtel grâce, notamment, à l'intervention des forces spéciales américaines présentes dans le pays, a dit Obama.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a déclaré qu'aucun Français ne figurait parmi les victimes. Jean-Yves Le Drian a précisé que des forces spéciales françaises stationnées dans la région étaient arrivées sur place vers 15h00 (GMT) et qu'elles étaient intervenues "en soutien des forces de sécurité maliennes" lors de l'assaut donné à l'établissement.

Les forces maliennes se sont heurtées aux assaillants au troisième étage de l'établissement et ont donné l'assaut vers 16h30 avec l'appui des militaires français. Elles ont ensuite progressé pièce par pièce et étage par étage pour débusquer les preneurs d'otages, a déclaré le ministère français de la Défense.

"Au cours de la progression, deux terroristes sont tués et les otages libérés", a ajouté le ministère, précisant que deux militaires français avaient été légèrement blessés.

RÉCITER DES VERSETS DU CORAN

La France a également dépêché sur place des hommes du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui sont arrivés en début de soirée au Mali, pays où résident 7.200 ressortissants français selon le Quai d'Orsay, dont 6.200 à Bamako, ceci afin de "parer à toute éventualité", a encore déclaré Jean-Yves Le Drian.

La prise d'otages, une semaine jour pour jour après les attentats de Paris revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI), visait un pays en première ligne face aux violences islamistes et où la France est intervenue en 2013.

Elle a été revendiquée sur Twitter par le groupe djihadiste Al Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, allié à Al Qaïda au Maghreb islamique et notamment connu pour la sanglante prise d'otages d'un complexe gazier dans le Sud algérien en janvier 2013. La revendication a été jugée très plausible par la France et les Etats-Unis.

Le commando islamiste a fait irruption à 07h00 (07h00 GMT) dans l'hôtel en criant "Allahou Akbar" ("Dieu est grand") et a progressé étage après étage, prenant en otage 170 personnes - 130 clients et 40 employés, selon le groupe hôtelier Rezidor, qui gère l'établissement.

Au sein des services de sécurité, on indique que le commando comprenait au maximum dix hommes mais, selon le groupe Rezidor, ils n'auraient été que deux.

Certains otages ont réussi à s'échapper dans les premières heures de l'attaque. D'autres, en nombre indéterminé, ont été relâchés après avoir montré aux membres du commando qu'ils étaient capables de réciter des versets du Coran, a-t-on appris de source proche des services de sécurité.

Douze salariés d'Air France, deux pilotes et dix membres d'équipage, ont été exfiltrés et conduits en lieu sûr, a annoncé la compagnie française, qui a annoncé la suspension sine die de ses vols entre Paris et Bamako. Cinq des sept employés de la compagnie aérienne turque Turkish Airlines présents dans l'hôtel ont été libérés, ont fait savoir les autorités turques.

Le Pentagone a annoncé que 22 militaires et employés civils travaillant pour le département américain de la Défense avaient été récupérés. (Avec Adama Diarra, Joe Bavier et Ed Cropley à Bamako, Jason Bush à Moscou, Michael Martina à Pékin, et le bureau de Paris; Jean-Philippe Lefief, Danielle Rouquié, Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : China Railway Construction Corp Limited, Air France-KLM