New York (awp/afp) - Le géant du câble et des médias Comcast a annoncé mercredi envisager de lancer une contre-offre sur une partie de l'empire de Rupert Murdoch, ce qui augure d'une rude bataille avec Walt Disney qui a mis 66 milliards de dollars sur la table pour les mêmes actifs.

Déjà propriétaire des chaînes de télévision NBC, CNBC, MSNBC, Comcast a indiqué être à un "stade avancé" pour déposer formellement une offre afin de racheter la plupart des actifs de 21st Century Fox, dont les studios de cinéma 20th Century Fox et des chaînes de télévision étrangères.

"Comcast confirme qu'il envisage, et est en stade avancé, pour lancer une offre sur les activités que Fox a accepté de vendre à Disney et qui n'incluent pas Fox News, Fox Business et d'autres actifs dans la télévision" aux Etats-Unis, écrit dans un court communiqué le groupe, un des poids lourds mondiaux des médias et du divertissement, avec dans son escarcelle les studios Universal et DreamWorks, sans compter ses activités d'opérateur internet.

Il assure que son offre sera supérieure aux 66 milliards de dollars proposés par Disney: "Si aucune décision finale n'a encore été prise, la recherche des moyens pour financer cette offre qui sera tout en espèces et les envois réglementaires nécessaires sont déjà à un stade avancé", affirme Comcast.

- Quid de la concurrence ? -

Ce n'est pas la première fois que Comcast essaie de mettre la main sur l'empire de Rupert Murdoch: fin 2017, le groupe avait été éconduit par le magnat qui craint qu'un mariage entre son groupe et Comcast ne soit bloqué par les autorités de la concurrence vu que les deux sociétés sont adversaires.

Le ministère de la Justice (DoJ) américain a par exemple décidé de s'opposer à la fusion entre l'opérateur télécoms AT&T et Time Warner (HBO, CNN, studio Warner Bros), qui ne sont pourtant pas des concurrents directs. Un procès est actuellement en cours.

"Si la fusion AT&T-Time Warner ne se fait pas il n'y aura pas de Comcast-Fox", estime Brian Wieser, expert chez Pivotal Research.

Contacté par l'AFP, 21st Century Fox s'est refusé mercredi à tout commentaire, préférant renvoyer à des commentaires tenus début mai par Lachlan Murdoch, co-président exécutif de son conseil d'administratif.

Ce dernier avait refusé de commenter les "spéculations", disant qu'"une fois (la transaction avec Disney) finalisée et approuvée par la SEC (le gendarme boursier américain), nous pensons être en mesure cet été de demander le feu vert de nos actionnaires".

"Nous restons liés à notre accord avec Disney et sommes en train de travailler sur les détails pour finaliser l'opération", avait ajouté Lachlan Murdoch, ajoutant toutefois que "nos administrateurs sont conscients de leurs obligations légales au nom de tous les actionnaires". En d'autres termes, le conseil d'administration de 21st Century examinera toute offre qui lui sera soumise.

Le dirigeant avait conclu en disant espérer boucler la transaction avec Disney dans le calendrier initialement arrêté, c'est-à-dire "dans les 12 à 18 mois" à compter de mi-décembre 2017.

La contre-attaque de Comcast augure d'une bataille sur l'avenir de l'empire bâti par Rupert Murdoch.

Comcast a déjà déposé une contre-offre de 22 milliards de livres pour racheter le groupe de télévision britannique Sky, dont Fox possède déjà 39% du capital et qui devrait être repris par Disney en cas de succès du rachat de la Fox par le géant des médias et du divertissement. Comcast a proposé fin avril 12,50 livres par action Sky en numéraire, contre 10,75 livres pour Fox qui veut acquérir les 61% du capital qu'il ne possède pas encore.

Le secteur des médias est en plein bouleversement aux Etats-Unis, les groupes traditionnels cherchant à se renforcer face à la puissance des géants technologiques, comme Google, Netflix ou Amazon.

Daniel Ives, analyste chez GBH Insights, s'attend par conséquent à une lutte acharnée entre Disney et Comcast pour Fox.

"L'acquisition (des actifs) de Fox constitue le coeur des efforts de Disney dans le streaming et la contre-offensive de Comcast va en faire un jeu de poker aux enjeux importants qui pourrait bouleverser le paysage des médias et du streaming pour des années à venir", avance cet expert.

afp/rp