Berlin (awp/afp) - Commerzbank, deuxième banque privée allemande, a vu ses bénéfices s'effondrer au premier trimestre essentiellement à cause des taux d'intérêt très bas, qui risquent de lui compliquer la tâche pour atteindre ses objectifs 2016.

Son bénéfice d'exploitation a été divisé par plus de deux pour s'établir à 273 millions d'euros, encore moins que ce qu'escomptaient les analystes (293 millions). En ligne avec les attentes, le bénéfice net a été amputé de moitié, pour atteindre 163 millions d'euros, selon un communiqué publié mardi.

"Au vu du premier trimestre, il devient plus ambitieux d'atteindre le niveau de bénéfice net de 2015", prévient Commerzbank, qui avait terminé l'année dernière sur un bénéfice de 1,06 milliard d'euros, lui permettant de renouer avec le versement d'un dividende, après une longue période de disette.

Commerzbank avait indiqué jusqu'ici viser un bénéfice légèrement supérieur à celui de l'an dernier.

Ces annonces reléguaient l'action Commerzbank tout en bas de l'indice Dax de la Bourse de Francfort. Vers 8H05 GMT, le titre abandonnait 6,39% à 7,58 euros, après avoir cédé plus de 7% en tout début de séance.

"Les chiffres financiers du premier trimestre ne sont pas bons, selon nous. Toutefois, cela semble largement dû à des facteurs externes, qui touchent durement aussi d'autres banques", estimait dans une note Ingo Frommen, analyste chez LBBW.

Comme ses consoeurs, Commerzbank voit sa rentabilité attaquée par les taux d'intérêt bas, qui l'empêchent de faire fructifier les fonds déposés par ses clients. Au premier trimestre elle a également pâti de la situation troublée sur les marchés, avec de fortes baisses des Bourses mondiales, qui ont tempéré la demande pour certains produits d'investissement.

Pour Philipp Hässler, d'Equinet, "l'un des principaux problèmes reste la faible rentabilité de la banque. Nous nous attendons à ce que le nouveau patron se concentre particulièrement sur l'amélioration".

Commerzbank a un nouveau dirigeant depuis deux jours, l'ex-patron des activités banque de détail Martin Zielke.

La banque a promis mardi d'"intensifier (ses) efforts pour compenser les effets des taux" sur ses marges.

Le groupe, sauvé par l'Etat allemand lors de la crise de 2008 et en convalescence depuis, tire satisfaction de la poursuite de l'assainissement de son portefeuille. Il a cédé sur le premier trimestre un milliard d'euros d'actifs dits non-stratégiques.

En février, Commerzbank a annoncé la fermeture de sa "bad bank", structure de défaisance héritée de la crise financière de 2008, et chargée de liquider un gigantesque portefeuille d'actifs à risque. Le montant de ces prêts, pour l'essentiel au secteur maritime, au secteur public et dans l'immobilier, a été ramené de 160 milliards d'euros fin 2012 à 63 milliards fin 2015. Pour l'essentiel, les créances ont été cédées à d'autres instituts financiers.

afp/al