Le sellier, qui était le seul grand nom du luxe à donner au marché un objectif précis de croissance de ses ventes, juge aujourd'hui plus prudent de ne plus le faire.

"Il y a beaucoup d'incertitudes dans le monde et il n'est pas forcément nécessaire d'avoir une 'guidance' écrite", a déclaré à la presse Axel Dumas, gérant d'Hermès.

Il a ensuite précisé lors d'une conférence que "les objectifs du groupe n'avaient absolument pas changé" mais qu'il s'agissait de ne pas s'"enfermer dans une certaine rigidité".

A la Bourse de Paris, la valeur cède 6,45% à 12h30, accusant la plus forte baisse du SBF 120.

Cette chute intervient après une très nette surperformance. Hermès étant considéré comme le plus résistant du secteur, il signait en clôture mardi une progression de 24% depuis début janvier malgré des multiples très élevés de 33,7 fois les bénéfices 2017, contre 17,9 pour LVMH et 20,0 pour Richemont.

"Une telle valorisation ne peut être maintenue que si Hermès continue de croître à un rythme sensiblement plus élevé que le secteur", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas.

"Renoncer à la 'guidance' de 8% constitue le premier signe qu'il ne le peut probablement pas et que sa croissance va se normaliser", ajoute-t-il.

Les analystes de Kepler Cheuvreux ont confirmé quant à eux leur opinion positive sur la valeur, "convaincus qu'Hermès continuera de faire mieux que ses pairs grâce à un business modèle unique".

UNE RÉFLEXION LANCÉE SUR LES COSMÉTIQUES

Axel Dumas a précisé que les magasins parisiens d'Hermès n'avaient pas retrouvé le niveau de fréquentation d'avant les attentats de novembre 2015 et que ceux de la Côte d'Azur avaient été très touchés par l'attentat du 14 juillet à Nice.

Le groupe a vu son résultat opérationnel courant grimper de 11% à 827 millions d'euros au premier semestre et sa marge atteindre un record de 33,9% grâce des effets positifs de couverture de changes ainsi qu'à un "mix" plus favorable, la surperformance de la maroquinerie - division phare du groupe - ayant plus que compensé le recul de la soie.

Les sacs et les "carrés" constituent les deux divisions les plus rentables du groupe.

Malgré un contexte difficile, Hermès a signé une des plus fortes croissances du secteur au premier semestre (+7%), tirée par un bond de 16% dans la maroquinerie.

La cadence de la première division du groupe devrait cependant ralentir au second semestre entre 10% et 12% compte tenu de comparatifs plus difficiles et, à moyen terme, son potentiel se situe autour de 8%, a précisé Axel Dumas.

Interrogé sur les tendances du troisième trimestre, il a répondu qu'il n'y avait "pas de raison pour que l'amélioration du deuxième trimestre ne se confirme pas".

Il a également indiqué qu'Hermès avait lancé une réflexion "très préliminaire" sur une éventuelle incursion sur le marché des cosmétiques mais qu'il ne fallait "rien voir venir dans les deux ou trois ans qui viennent".

Pour l'année 2016, le groupe a confirmé que sa croissance organique pourrait être inférieure à son objectif initial de 8% et a dit anticiper une rentabilité opérationnelle "légèrement supérieure" à celle de 2015 (ressortie à 31,8%).

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : HERMES INTL, LVMH, KERING, Compagnie Financiere Richemont SA