Zurich (awp) - Les horlogers suisses sont plus confiants en l'avenir de leur secteur et estiment que la tendance positive observée ces derniers mois devrait se poursuivre. Par ailleurs les manufactures misent davantage sur le numérique pour doper leurs ventes, relève mercredi l'étude annuelle du cabinet de conseil Deloitte.

Quelque 52% de chefs d'entreprises horlogères considèrent actuellement qu'au cours des 12 prochains mois le secteur devrait enregistrer une croissance, contre 2% lors du sondage réalisée l'année dernière, tandis que 16% des marques interrogées s'attendent à que le ciel s'assombrisse. Sur ce dernier point, le sondage souligne qu'il s'agit d'une forte diminution par rapport aux 82% de 2016.

Cet optimisme des entreprises horlogères vaut aussi pour l'économie suisse ainsi que celle des principaux pays d'exportation, précise le rapport.

Presque toutes les régions et en particulier l'Asie devraient contribuer à l'embellie. En outre 71% des dirigeants interrogés misent sur une hausse de la demande pour les garde-temps suisses en Chine, soit le double qu'il y a un an. De surcroît, Hong Kong, premier marché d'exportation de l'industrie horlogère devrait aussi continuer à retrouver des couleurs, peut-on lire.

Les auteurs de l'étude rappellent qu'après une évolution négative des ventes à l'étranger de l'industrie pendant huit trimestres consécutifs, les exportations ont augmenté de 3% à 5 mrd CHF au 2e trimestre 2017, même si les volumes sont encore en baisse.

PERTE DE PARTS DE MARCHÉ DES MONTRES À QUARTZ DEPUIS 2012

"Cette reprise est cependant relative et reflète la croissance des montres mécaniques (+1,9% en volume) tandis que les montres à quartz poursuivent leur déclin (-5,7%)" au 2e trimestre, fait remarquer le cabinet de conseil et d'audit avant de préciser que le nombre total de garde-temps est en repli de 3,3% pendant la période sous revue.

De janvier à août, les exportations des montres à quartz se sont pour leur part repliés de 7% en volume et de 5% en valeur. Quant aux ventes à l'étranger de l'industrie horlogère dans leur ensemble, elles ont pris 1,2% en termes de valeur sur les huit premiers mois de l'année.

Par ailleurs, en disséquant l'évolution des montres à quartz, les spécialistes notent que les volumes ont commencé à décliner en 2012, tendance qui se poursuit jusqu'à maintenant.

L'évolution des derniers mois démontre cependant que l'industrie horlogère, soutenue par les pièces mécaniques, se trouve sur la voie du rétablissement, affirment les auteurs de l'étude.

Les différents patrons sondés prévoient qu'au cours des douze prochains mois, tous les segments de prix devraient porter la hausse des volumes. Cependant celles se vendant entre 1000 et 5000 CHF devrait avancer le plus que tandis que les moins chères devraient contribuer le moins.

Les ventes devraient aussi être nourries par le retour des touristes en Suisse et en Europe en provenance de l'Asie, de l'Amérique du Sud, du Moyen-Orient et de la Russie.

LE NUMÉRIQUE, UNE PRIORITÉ

Deloitte, comme dans son étude de 2016, souligne aussi que le numérique constitue la deuxième priorité des horlogers après le développement de nouveaux produits. Jusque récemment, de nombreuses marques horlogères suisses étaient réticentes quant à la vente en ligne. Il semblerait toutefois que ce ne soit plus le cas.

"Les marques telles que Tag Heuer ou Panerai ont lancé cette année leurs premières montres disponibles exclusivement en ligne. D'autres marques de montres de luxe ont également développé des partenariats avec des blogs pour des éditions limitées", a souligné Jules Boudrand, directeur responsable du secteur horloger chez Deloitte.

Le rapport met aussi en exergue que le numérique suppose bien plus que de simples ventes en ligne. La connectivité croissante des clients accroît en effet l'influence du numérique sur les achats hors ligne.

Selon l'étude, les marques interrogées considèrent aussi que la nouvelle loi sur le Swiss made ne ramènera pas forcément la production en Suisse mais permettra plutôt aux horlogers suisses de maintenir leur leadership dans le secteur des montres de luxe.

Du côté des facteurs qui pourraient avoir un impact négatif sur les ventes du secteur, 72% des sondés ne pensent pas que les montres connectées auront une incidence sur leurs ventes tandis que 14% reconnaissent que ce genre de produits constitue une opportunité.

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