Le Suisse a amélioré ses comptes lors de l'exercice clos le 31 mars dernier, mais on est loin des taux de progression affichés par ses rivaux, notamment chez Gucci (pour Kering), Louis Vuitton (chez LVMH) ou Hermès. Le bureau d'études Invest Securities n'y va pas avec le dos de la cuillère pour résumer la publication. Les résultats sont certes en hausse, écrit-il ce matin, mais ils "montrent toutefois une progression très limitée, sinon indigente en regard de la reprise du secteur du luxe, une preuve de plus d’un partage très déséquilibré de la croissance du secteur suivant les acteurs". Le spécialiste s'interroge : Richemont a-t-il totalement solutionné sa crise managériale, probablement minimisée par le marché ?

Un dossier en reconstruction

En bourse, les investisseurs ont tranché : c'est un cinglant -6% pour le propriétaire de MontBlanc, Lancel, Piaget, Cartier et Purdey, à 93,36 francs en séance. L'action paie aussi le manque de clarté sur les objectifs, mis en avant par Vontobel, Baader Helvea ou Invest Securities. Une situation qui n'est pas vraiment problématique à l'heure actuelle quand on s'appelle LVMH ou Kering, mais pas Richemont. Les deux groupes français ne fournissent en effet aucunes prévisions chiffrées, mais leurs trajectoires de croissance sont si élevées que le marché n'en a cure. Le Suisse, convalescent, ne bénéficie pas d'une telle mansuétude. Chez UBS, l'analyste en charge du dossier a bien noté des progrès dans plusieurs branches, mais se montre déçu par l'ampleur du rachat de stocks de montres, l'Ebit étriqué et un dividende peu généreux.
 

En Europe, il y a LVMH, Kering et Hermès, et il y a les autres
 
Un poids grandissant
 
Il est difficile de comparer les groupes français et Richemont, car ce dernier dispose d'un gros portefeuille de marques mais pas d'un véritable fer de lance comme peuvent l'être Gucci, Louis Vuitton et Hermès. Mais une chose est sûre, le modèle des Français est sans conteste le plus adapté pour créer de la surperformance sur des marchés du luxe déjà bien orientés. A la Bourse de Paris, LVMH, Hermès et Kering figurent parmi les dix plus fortes capitalisations de la place. Depuis le début de l'année, les deux derniers ont même dépassé le poids boursier d'Axa, relégué au 10ème rang. Par conséquent, leur influence dans les indices ne fait que croître... et l'on peut sans doute affirmer que Richemont fait aujourd'hui baisser le CAC40, ou du moins y contribue, indirectement.