Le succès des montres de luxe est retombé en Asie depuis le lancement d'une campagne anti-corruption par les autorités chinoises et le démarrage du mouvement en faveur de la démocratie à Hong Kong, qui est le plus gros marché du groupe suisse, avec 18% de son chiffre d'affaires, selon les estimations des analystes financiers.

Malgré cet avertissement, l'action Richemont gagnait 5,28% à 84,75 francs sur le marché suisse vers 13h20 GMT, le groupe genevois ayant affirmé qu'il souhaitait augmenter son dividende tous les ans "pendant les bonnes comme les mauvaises périodes".

Les analystes notent en outre que la baisse des ventes du groupe de luxe en octobre a été inférieure aux attentes de nombreux investisseurs.

"L'environnement demeure difficile à la veille de la période des fêtes de fin d'année", a déclaré le président du groupe, Johann Rupert, dans un communiqué.

Il a précisé que des mesures de contrôle des coûts avaient été mises en place. Ces mesures pourraient se traduire par une réduction des horaires de travail dans certaines marques d'horlogerie, a précisé le directeur financier.

PAS DE "BAIN DE SANG" EN BOURSE

Richemont, qui possède aussi Van Cleef & Arpels et de nombreuses marques de joaillerie et d'horlogerie, avait perdu environ 6% depuis le début des manifestations pro-démocratie à Hong Kong mi-septembre.

Le bénéfice net du premier semestre (avril-septembre) a chuté de 23% à 907 millions d'euros, en retrait par rapport au consensus Reuters de 1,05 milliard, en raison de pertes comptables liées aux opérations de couverture de changes, qui devraient être compensées au deuxième semestre, a précisé Richemont dans un communiqué.

Son chiffre d'affaires a progressé de 4% à taux de change constants, à 5,43 milliards d'euros, supérieur au consensus de 5,39 milliards, mais la croissance n'a été que de 2% en euros, en raison de l'évolution du yen et du dollar sur la période.

En octobre, le chiffre d'affaires a baissé de 1% à taux de change constants mais il a augmenté de 4% en euros avec le raffermissement du yen et du dollar face à la devise européenne.

"Cela n'a pas été le bain de sang que certains attendaient", note l'analyste de HSBC Antoine Belge, évoquant des rumeurs selon lesquelles les ventes d'octobre auraient baissé de 3 à 5%.

Le français LVMH a fait état mi-octobre d'une légère amélioration de la croissance de ses ventes au troisième trimestre, une meilleure performance en Europe et aux Etats-Unis ayant compensé la faiblesse du marché en Asie.

(Silke Koltrowitz, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)