Crédit Agricole (ACA.FR) a annoncé mercredi avoir injecté 2 milliards d'euros dans sa filiale grecque en difficulté Emporiki Bank of Greece (TEMP.AT), pour l'aider à renforcer ses fonds propres et résister à l'impact du plan de restructuration de la dette grecque.

"Cette augmentation de capital d'environ 2 milliards d'euros va renforcer la position concurrentielle d'Emporiki sur son marché national", a indiqué Emporiki dans un communiqué.

Crédit Agricole a précisé qu'il ne serait pas pénalisé financièrement par cette opération. "Cette augmentation de capital n'a aucun impact sur le ratio de solvabilité du groupe Crédit Agricole. Il s'agit d'une opération interne, qui consiste à convertir des avances d'actionnaires qui ont commencé en 2010", a déclaré une porte-parole du groupe.

Emporiki pèse sur les finances de Crédit Agricole depuis que le groupe en a pris le contrôle en 2006, et surtout depuis l'aggravation de la crise de la zone euro l'été dernier.

La banque grecque est passée dans le rouge pendant la crise financière, et Crédit Agricole a déclaré en juillet que l'objectif d'Emporiki de renouer avec les bénéfices en 2012 était sujet à caution. Crédit Agricole a injecté 1 milliard d'euros dans Emporiki à la fin 2009.

Déjà affectées par les difficultés économiques du pays, l'augmentation des créances douteuses et des retraits réguliers de dépôts, les banques grecques sont confrontées à de lourdes pertes liées au plan de décote de la dette souveraine actuellement négocié par le gouvernement avec ses créanciers privés.

D'ici à la fin janvier, le gouvernement grec devrait avoir terminé les discussions avec ces créanciers, sur un accord visant à diviser par deux la dette de 206 milliards d'euros contractée auprès d'eux. Ce plan de décote est l'un des éléments clés du plan de sauvetage de 130 milliards d'euros promis à Athènes par ses partenaires européens et par le Fonds monétaire international en octobre.

Emporiki a accusé une perte de 954 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2011, affecté par un ralentissement de l'activité, une augmentation des coûts de financement et la nécessité de passer des provisions supplémentaires pour créances douteuses.

Crédit Agricole, pénalisé par sa forte exposition à la dette grecque, a lancé un plan de restructuration prévoyant 2.350 suppressions d'emplois à travers le monde, dont 850 en France, un retrait de la banque de 21 pays sur les 53 où elle est présente, et l'arrêt de ses activités de dérivés d'actions et de matières premières.

L'exposition totale du groupe à la Grèce se montait au 30 septembre à 2,7 milliards d'euros, et la valeur des titres de dette souveraine du pays inscrits dans les comptes de ses activités de banque était de 150 millions d'euros à la fin octobre.

Crédit Agricole a clôturé mercredi en baisse de 3% à 4,30 euros.

-Noemie Bisserbe et Stelios Bouras, Dow Jones Newswires

(Version française Emilie Palvadeau)