- Crédit Agricole SA suspend le projet de restructuration de son organe central

- Chute du cours de Bourse

- Réorganisation autour de quatre pôles métiers et de trois pôles fonctions centrales

- Nomination de six directeurs généraux adjoints

- Bénéfice net en nette amélioration au deuxième trimestre, à 920 millions d'euros

- Ratio Core Tier One stable, à 10,2% au 30 juin

- La banque est proche d'un accord pour mettre fin à une enquête aux USA sur d'éventuelles violations de sanctions

(Actualisation: déclarations de Crédit Agricole sur la suspension du projet de réorganisation de son organe central, actualisation du cours de Bourse) .

Moins de trois mois après l'arrivée à la direction générale de Philippe Brassac, Crédit Agricole SA (>> CREDIT AGRICOLE) a suspendu mardi le projet de restructuration de son organe central, jugé trop complexe, et annoncé une nouvelle organisation de ses activités autour de quatre pôles métiers et de trois pôles fonctions centrales.

La deuxième banque française cotée est lourdement sanctionnée en Bourse après ces annonces et perdait 9% en fin de matinée, à 13,11 euros.

"Déception à court terme sur la gouvernance", commente le courtier Oddo Securities, en évoquant un "blocage réglementaire" qui ne permet pas d'évolution de la structure du groupe dans l'immédiat.

Crédit Agricole SA a pourtant dévoilé une très nette amélioration de son bénéfice net au deuxième trimestre, qui avait pâti à la période correspodante de 2014 de lourdes pertes au Portugal, et indiqué qu'elle se rapprochait d'un accord avec les autorités américaines pour mettre fin à une enquête pour violation présumée des sanctions imposées par les Etats-Unis à d'autres pays.

Contraintes réglementaires

La banque a suspendu son ambitieux projet de réorganisation de sa complexe structure, car elle n'a pas encore reçu le feu vert des régulateurs. Les 39 caisses régionales du Crédit Agricole détiennent actuellement 56% de Crédit Agricole SA, le véhicule coté, qui contrôle à son tour 25% des caisses régionales. Ces dernières sont en outre représentées par la Fédération Nationale du Crédit Agricole (FNCA) auprès des pouvoirs publics, des organisations professionnelles et des instances du monde coopératif et mutualiste.

Dans un communiqué, Crédit Agricole SA a souligné que les échanges engagés "avec les autorités de tutelle, en particulier les services de la Banque Centrale Européenne [...] conduisent à constater des contraintes non levées à ce jour. De ce fait, aucune opération susceptible d'affecter substantiellement le périmètre de Crédit Agricole SA comme celles qui ont pu être évoquées par des sources externes au groupe n'est réalisable à ce stade".

"Le superviseur n'est pas en mesure d'apporter une réponse claire aux questions que nous nous posons, parce que ceci pourrait préempter d'autres débats sur l'harmonisation (de la réglementation) européenne", a précisé le directeur général délégué de la banque, Xavier Musca.

Philippe Brassac, ancien directeur général de la Caisse régionale Provence Côte d'Azur, a pris ses fonctions de directeur général du groupe au mois de mai pour tenter de réconcilier les banquiers de Crédit Agricole et les caisses régionales.

Signe de ces efforts, la banque a indiqué mardi dans son communiqué que "dans le droit fil de son histoire et de sa culture coopérative et mutualiste, les évolutions de [l']organisation doivent obéir à une vision Groupe permettant d'assurer un fonctionnement et un développement plus collectifs, dans l'intérêt de toutes ses parties prenantes. C'est dans cet esprit qu'il [Crédit Agricole] poursuit ses réflexions sur son organisation".

Certains responsables régionaux jugent que l'établissement s'est trop éloigné de son marché traditionnel, ce qui a conduit à la perte de milliards d'euros en raison d'investissements dans les prêts "subprime" aux Etats-Unis et d'acquisitions malheureuses en Europe du Sud. Crédit Agricole SA, qui a eu de grandes ambitions en Europe du Sud, a tourné une page difficile de son histoire en vendant la banque grecque Emporiki et en dépréciant l'intégralité de la valeur de sa participation dans la banque portugaise en difficulté Banco Espírito Santo l'année dernière.

Quatre pôles métiers, trois pôles fonctions centrales

Dans le cadre du projet dévoilé mardi, qui entrera en vigueur le 1er septembre, les quatre pôles métiers - Grandes clientèles, Epargne, assurance et immobilier, Services financiers spécialisés et Filiales banque de proximité - seront rattachés à la direction générale. Quatre directeurs généraux adjoints ont été nommés pour les diriger.

Placé sous la houlette de Jean-Yves Hocher, jusqu'à présent patron de Crédit Agricole CIB, le pôle Grandes clientèles regroupera la banque de financement et d'investissement, la banque privée et les services aux institutionnels et aux entreprises.

La branche Epargne, assurance et immobilier, dirigée par le directeur général d'Amundi, Yves Perrier, comprendra la gestion d'actifs, l'assurance et l'actuel pôle immobilier.

Les Services financiers spécialisés seront constitués des activités de crédit à la consommation, de crédit-bail et d'affacturage, et dirigés par Philippe Dumont, directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance.

Enfin, le pôle Filiales banque de proximité sera composé de LCL et des activités internationales de banque de proximité. Il sera dirigé par Michel Mathieu, qui prendra également la responsabilité du pôle Fonctionnement et transformation.

Les trois pôles fonctions centrales - Développement, client et innovation, Fonctionnement et transformation, Finances groupe - conduiront les chantiers transversaux". La branche Développement, client et innovation sera dirigée par Olivier Gavalda et le pôle Finances par Jérôme Grivet, eux aussi nommés directeurs généraux adjoints.

Par ailleurs, Crédit Agricole SA a indiqué que "quatre fonctions sont rattachées directement à la direction générale : l'Inspection générale Groupe sous la direction de Michel Le Masson, les Risques et contrôles permanents Groupe sous la direction d'Hubert Reynier, la Conformité sous la direction de Pierre Minor et le Secrétariat général sous la direction de Jérôme Brunel". Bruno de Laage, jusqu'à présent directeur général délégué, et Joseph d'Auzay, secrétaire général, ont fait valoir leurs droits à la retraite, a précisé le groupe.

Rebond des résultats

Dans un communiqué séparé, Crédit Agricole SA a indiqué que son bénéfice net s'était établi à 920 millions d'euros au deuxième trimestre, à comparer à 77 millions d'euros un an plus tôt. Au deuxième trimestre 2014, les graves problèmes de la banque portugaise Banco Espírito Santo, dont Crédit Agricole SA détenait 14,6% du capital, avaient quasiment réduit à néant les bénéfices du groupe français.

Le produit net bancaire a augmenté de 18% sur la période d'avril à juin, à 4,63 milliards d'euros, soutenu par les activités de gestion d'actifs, d'assurance et de banque de financement et d'investissement.

Le ratio de solvabilité Core Tier One de Crédit Agricole SA était stable à la fin juin, à 10,2% comme en mars. Le ratio de levier de la banque s'établissait de son côté à 4,3%, contre 4,4% au 31 mars.

Les discussions progressent aux Etats-Unis

Le directeur général de Crédit Agricole SA, Philippe Brassac, a par ailleurs déclaré que les discussions avec les autorités américaines avaient rapidement progressé au cours du trimestre écoulé et qu'un accord devrait être conclu dans les mois qui viennent. Crédit Agricole SA dispose désormais d'une meilleure idée du montant de l'amende potentielle, a-t-il ajouté sans fournir davantage de précisions.

La banque a comptabilisé une provision de 350 millions d'euros au deuxième trimestre, ce qui porte le montant total des réserves destinées à couvrir les frais potentiels des litiges à environ 1,6 milliard d'euros.

Ces dernières années, les autorités américaines ont activement poursuivi et sanctionné les banques européennes présentes dans des pays soumis à des sanctions de la part des Etats-Unis. Crédit Agricole avait indiqué en 2010 dans des documents réglementaires faire l'objet d'une enquête pour violation présumée des sanctions.

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August 04, 2015 05:23 ET (09:23 GMT)

Valeurs citées dans l'article : CREDIT AGRICOLE