Zurich (awp) - L'établissement de crédit Bank-now, filiale de Credit Suisse, se retrouve au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone dans le cadre d'un procès sur le financement de la guerre civile au Sri Lanka, a rapporté le quotidien Le Temps dans son édition du weekend. Le procès, qui s'ouvre ce lundi, doit durer jusqu'à la mi-mars.

Un ancien employé de l'établissement de crédit se retrouve sur le banc des accusés aux côtés de plusieurs membres de la diaspora tamoule. S'estimant lésée, Bank-now est codemanderesse dans le procès.

La banque spécialisée dans les crédits à la consommation a prêté entre 2007 et 2009, via 200 crédits, un total de 15 mio CHF à des membres de la diaspora tamoule en Suisse, a relevé Le Temps, qui a obtenu l'acte d'accusation des procureurs fédéraux. Ces prêts ont été accordés à 182 personnes prétendant posséder un second emploi auprès du mouvement World Tamil Coordination Council (WTCC).

Les montants auraient rejoint le Sri Lanka sous forme d'argent liquide en transitant par Singapour et la Malaisie, par des virements bancaires à des sociétés-écrans ou encore via des paiements directs à des acheteurs d'armes du mouvement, a détaillé le quotidien.

NÉGLIGENCE OU PAS

"Je suppose que nous avons accepté la situation telle quelle et que nous n'avons pas assez pris en compte les risques évidents. Car, de manière générale, lorsqu'un employeur envoie plus de 100 fiches de salaire à une banque pour une obtention de crédits, cela devrait soulever des questions", a dit Thorsten Bolz, ex-directeur des ventes et de la clientèle de Bank-now, lors d'une audition du parquet.

Au total, 12 Tamouls et un conseiller à la clientèle devront répondre des accusations d'organisation criminelle, d'escroquerie, de blanchiment d'argent et de faux dans les titres.

Selon le Ministère public de la Confédération (MPC), il était "quasiment impossible pour Bank-now de découvrir la réalité des faits". Mais pour Philippe Graf, avocat de l'un des prévenus, "Bank-now SA a été trop négligente pour pouvoir se plaindre d'une escroquerie. Le droit pénal ne protège la victime d'une prétendue tromperie que si elle fait preuve d'un minimum de prudence, ce qui ne semble pas être le cas en l'état du dossier".

Bank-now, interrogée par AWP, n'a pas souhaité commenter ces informations.

Filiale de Credit Suisse, l'établissement fondé en 2006 se définit comme le "leader du crédit et du leasing". Le siège de la banque, qui emploie 300 personnes, se trouve à Horgen au bord du lac de Zurich.

al/buc