Après une perte combinée de 6,56 milliards de francs en 2016 et 2015 et une dépréciation fiscale de 2,3 milliards de francs qui a effacé ses bénéfices l'an dernier, la deuxième banque suisse a fait état d'un bénéfice net part du groupe en hausse de 16,4% à 694 millions de francs suisses (579 millions d'euros) au premier trimestre.

Il dépasse le consensus Reuters qui le donnait à 665 millions de francs, tandis que le propre consensus de Crédit Suisse était de 649 millions.

Le plan triennal de Thiam recentre la banque sur la gestion de fortune, au détriment de la banque d'investissement, et s'attache à régler les litiges en cours.

La collecte nette, un indicateur des bénéfices futurs de la gestion de fortune très surveillé, a totalisé 14,4 milliards de francs, la plus élevée depuis trois ans.

"Les résultats du premier trimestre nous placent en bonne voie pour la troisième et dernière année de notre

restructuration; nous regardons l’avenir en ayant confiance en notre nouveau modèle d’affaires et en nos capacités

à mettre en oeuvre notre stratégie", déclare Thiam dans un communiqué.

L'action gagne 3,70% vers 8h50 en Bourse de Zurich, l'un des meilleurs gains de l'indice européen Stoxx 600 qui perd 0,85% dans le même temps. Elle reste bien en deçà du niveau qu'elle occupait à l'arrivée de Thiam mais elle est progressivement remontée à partir d'un point bas de 9,4 francs datant de la mi-2016.

"Les estimations du marché ne sont pas particulièrement exigeantes et, selon nous, elles seront revues à la hausse à chaque fois que la banque prouvera le bien fondé de ses mesures de préservation", dit Tomasz Grzelak, analyste de Baader Helvea.

BESOIN DE CONSEIL

La montée en puissance de la gestion de fortune intervient en période de forte volatilité des marchés et d'un ralentissement des opérations de fusion et acquisition, les tensions géopolitiques rendant les investisseurs circonspects et affectant l'activité des banques d'investissement.

"Nous nous attendons à ce que les marchés et une bonne partie des classes d’actifs soient exposés à des périodes de volatilité en hausse, en raison des facteurs géopolitiques, de l’actualité relative aux négociations commerciales et des résultats du resserrement de la politique monétaire", observe ainsi la banque helvète, tout en confirmant ses objectifs annuels.

"Les niveaux d’activité clientèle restent sensibles à ces facteurs, en particulier dans nos activités plus dépendantes du marché".

Le concurrent UBS a déçu les investisseurs lundi car si le pôle banque d'investissement a brillé au premier trimestre, la gestion de fortune a en revanche fait moins bien que prévu.

Le besoin de conseil se fait plus prégnant parmi les clients de la banque privée qui se rapprochent des gérants qui aident les familles fortunées à diversifier leurs actifs, a expliqué le directeur général.

Les revenus de la division banque d'investissement et marchés de capitaux ont diminué de 8% mais Crédit Suisse a évoqué plusieurs opérations en attente d'y voir plus clair sur l'évolution des marchés.

Le bénéfice de la division Global Markets, qui a subi l'essentiel des coupes budgétaires et qui a accumulé les pertes ces dernières années, a augmenté à 295 millions de francs. Thiam a signalé un ralentissement de ses revenus depuis le rétrogradage des marchés boursiers à la mi-février.

Le ratio de fonds propres CET1 de Crédit Suisse, que Thiam s'était donné pour objectif d'améliorer, a progressé à 12,9% contre 12,8% à la fin du dernier trimestre 2017.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Brenna Hughes Neghaiwi