Zurich (awp) - La réorientation stratégique et les mesures d'économies prises par Credit Suisse depuis l'arrivée du directeur général Tidjane Thiam en 2015 semblent porter leurs fruits. Nouvelle priorité stratégique, la gestion de fortune draine passablement d'argent frais. La grande banque doit néanmoins composer avec une perte en 2017, en raison de la réforme fiscale américaine. L'année 2018 a bien débuté.

"Les résultats pour l'année 2017 (...) sont, selon nous, la preuve tangible de l'impact positif de nos efforts de restructuration sur la performance du groupe", a déclaré mercredi M. Thiam, cité dans le communiqué.

Le numéro deux bancaire helvétique doit atteindre le seuil de rentabilité au terme de l'exercice en cours, a affirmé le CEO devant la presse. La base des coûts a été ramenée à 17,7 mrd CHF en décembre 2017, ce qui représente des économies de 3,2 mrd CHF depuis 2015.

Le personnel de Credit Suisse a payé un lourd tribut dans ce processus, le groupe ayant supprimé plus de 10'000 postes au cours des deux dernières années, notamment sur territoire helvétique. Ces mesures d'économies ne se sont pas faites aux dépens de la marque Credit Suisse, a assuré M. Thiam.

L'autre objectif de la restructuration visait également à réduire l'importance de la banque d'affaires afin de privilégier la gestion de fortune. Ce changement stratégique doit permettre de réduire les risques encourus par cette banque systémique mais également fortifier ses fonds propres.

RIQUES EN RECUL, CAPITALISATION RENFORCÉE

Le groupe zurichois a réalisé en 2017 des progrès dans cette optique. Le ratio de fonds propres durs (CET1, totalement appliqué) a grappillé 0,7 point en douze mois pour se fixer à 12,8%, un niveau supérieur aux objectifs internes de Credit Suisse.

Les efforts d'économie n'ont pas encore été récompensés. La dépréciation annoncée de 2,3 mrd CHF pour la réforme fiscale américaine a plombé le quatrième trimestre et sapé les bonnes copies rendues lors des trois premiers partiels. Credit Suisse a essuyé pour l'année une perte de 983 mio CHF, moins importante que celle de 2016.

Le dividende a été ramené à 0,25 CHF par action, contre 0,70 CHF auparavant, conformément à la nouvelle politique de rémunération de la banque.

Les charges se sont contractées de 15% sur un an, alors que les recettes ont pris 3% à 20,90 mrd. Sur le plan opérationnel, le quatrième trimestre s'est révélé fructueux et a dépassé les attentes des analystes.

Credit Suisse a également montré sa capacité à attirer des fonds, en témoignent des entrées nettes d'argent de 3,1 mrd CHF lors du dernier partiel et de 37,8 mrd sur l'ensemble de l'année. La masse sous gestion a crû de 10% à 1376 mrd sur douze mois.

Cette dynamique est portée principalement par l'unité de gestion de fortune Asie/Pacifique (Apac). Cette région, véritable eldorado pour les banques à la recherche de clients fortunés et très fortunés, a sensiblement augmenté son volume d'affaires l'année dernière, malgré un quatrième trimestre plombé par les marchés.

EFFETS DÈS 2019

Vaisseau amiral de Credit Suisse, la banque universelle suisse (SUB) a également traîné le pied, avec une stagnation des recettes et un recul du résultat. La rentabilité a été améliorée.

Global Markets constitue toujours un boulet pour la grande banque. Cette unité de la banque d'affaires, en plein coeur de la restructuration, a replongé dans les chiffres rouges et augmenté ses actifs pondérés au risque (RWA) au quatrième trimestre. Sur l'année toutefois, le bénéfice avant impôts a été plus que doublé. La banque de défaisance pèse de moins en moins sur le compte de résultat de Credit Suisse.

Credit Suisse revendique un début d'année 2018 solide, avec une croissance des revenus supérieure à 10% pour l'unité de banque d'affaires Global Markets et pour la division de gestion de fortune Asie/Pacifique.

La réforme fiscale américaine déploiera ses effets positifs à partir de 2019, où le rendement des fonds propres tangibles (RoTE) devrait être amélioré d'au moins 100 points de base grâce à un taux d'imposition plus bas. Les RWA vont progresser de 8 mrd en 2018, a néanmoins prévenu le directeur financier (CFO) David Mathers.

Tidjane Thiam est également revenu sur l'affaire des produits anti-volatilité révélée la semaine dernière par des portails d'information en ligne. Pour le CEO, les pertes concerneraient principalement les clients qui ont été alertés des risques encourus. Credit Suisse aurait perdu près de 500 mio USD sur un produit anti-volatilité, dont la valeur s'est effondrée récemment.

A la Bourse, l'action CS a terminé en hausse de 3,79% à 17,115 CHF, dans un SMI en progression de 1,67%.

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