Zurich (awp) - Les efforts de restructuration se reflètent de plus en plus dans les résultats de Credit Suisse. Au prix de coupes drastiques, le numéro deux bancaire helvétique a pu réduire ses charges et remettre sur les rails les divisions à problème au 2e trimestre. La bonne dynamique dans la gestion de fortune s'avère prometteuse pour le géant zurichois, qui a convaincu analystes et investisseurs avec ses chiffres partiels.

Malgré l'absence de nouvelles, le plan d'économies en cours constitue l'un des piliers de la performance de Credit Suisse d'avril à juin. "Notre programme global de réduction des coûts est en bonne voie pour parvenir à moins de 18,5 mrd CHF de coûts en 2017, après (avoir) enregistré 9,1 mrd CHF de coûts au 1er semestre 2017", a indiqué vendredi le directeur général (CEO) Tidjane Thiam, cité dans le communiqué.

La banque aux deux voiles, désormais à mi-parcours dans l'exécution du plan stratégique, a confirmé l'objectif de réduction de la base de coûts sous 17 mrd CHF fin 2018. L'effectif total a été réduit de 410 personnes sur trois mois à 46'230 employés.

Il reste encore beaucoup de choses à faire avant de boucler la restructuration, a néanmoins averti le CEO en conférence téléphonique. Le rendement des fonds propres n'est notamment pas encore au niveau souhaité.

Une grande énergie est déployée pour l'assainissement de la banque de défaisance (SRU), déficitaire au-delà des attentes au deuxième trimestre. Les actifs pondérés au risque (RWA) ont cependant baissé de 2 mrd CHF et l'endettement de 9 mrd CHF pour cette unité lors de la période sous revue, a précisé le directeur financier (CFO) David Mathers.

Credit Suisse est actuellement en discussion avec le régulateur financier helvétique (Finma) au sujet de la méthode de prise en compte des RWA. Un changement pourrait impliquer une augmentation de ces actifs pour la banque de défaisance, donc son exposition au risque. Des détails supplémentaires seront fournis au terme du troisième trimestre.

RÉSULTATS CONFORMES AUX ATTENTES

En termes des chiffres, la grande banque s'est inscrite peu ou prou dans les prévisions du consensus AWP, avec quelques bonnes surprises et déceptions. Le bénéfice net s'est envolé de 78% sur un an à 303 mio CHF.

Le produit d'exploitation s'est fixé à 5,21 mrd CHF, en hausse de 2% sur un an. La croissance des revenus s'est révélée forte dans la gestion de fortune, a précisé M. Thiam.

Les charges d'exploitation ont été allégées de 8% à 4,54 mrd CHF. Le bénéfice avant impôts a été pratiquement triplé à 582 mio CHF, tandis que le ratio coûts/revenus a été amélioré de 9,5 points de pourcentage à 87,2%.

Les principales divisions ont également répondu aux attentes, à l'exception notable de Investment Banking & Capital Markets (ICBM). L'autre unité de la banque d'affaires, Global Markets (GM), en plein coeur de la restructuration, a réalisé une performance meilleure que prévu, avec un bénéfice avant impôts de 257 mio CHF, ce qui représente une envolée de 67%.

La banque universelle suisse (SUB), que Credit Suisse envisageait de coter partiellement avant d'abandonner l'idée, est demeurée l'une des locomotives. Cette unité a vu son bénéfice avant impôts bondir de 11% à 502 mio CHF.

COUP DE MOU EN ASIE-PACIFIQUE

Le développement s'avère réjouissant pour la division de gestion de fortune International Wealth Management (IWM), qui a augmenté son bénéfice avant impôts de moitié. En revanche, l'homologue Asia Pacific (Apac) a vu ses recettes et son résultat baisser.

La masse sous gestion a stagné (+0,2%) à 1307,3 mrd CHF. Les afflux nets d'argent ont atteint 12,1 mrd, contre 24,4 mrd au premier trimestre.

L'augmentation de capital bouclée en début d'année a permis d'étoffer les principaux indicateurs, dont le ratio de fonds propres durs (CET1, pleinement appliqué) qui a avancé de 1,6 point de pourcentage à 13,3%. Les provisions nettes pour risques juridiques ont atteint 76 mio CHF au deuxième trimestre.

La banque reste vague quant aux perspectives pour le reste de l'année. À l'échelle macroéconomique, elle estime que "les perspectives de croissance s'améliorent dans de nombreuses régions (où elle opère)". L'établissement anticipe des influences saisonnières normales au troisième trimestre, mais affirme que le portefeuille va rester solide pour le reste de l'année.

Les investisseurs votaient la confiance à Credit Suisse. A 11h55, la nominative caracolait toujours en tête du SMI (-0,25%) avec une progression de 1,9% à 14,95 CHF.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) n'y va pas par quatre chemins et affirme que les résultats de Credit Suisse lui plaisent davantage que ceux du rival UBS, publiés également en matinée. Pour Morgan Stanley, le rythme de réduction des coûts constitue un facteur de sécurité, contrairement aux prévisions de hausse des actifs pondérés aux risques (RWA).

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