Paul J. Davies

THE WALL STREET JOURNAL

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Credit Suisse met de l'ordre dans ses affaires. Des baisses de coûts placent la banque dans une bonne position pour profiter des opérations de capital investissement en cours et des transactions de ses clients fortunés.

Comme d'autres banques européennes, Credit Suisse a été pénalisé par la réforme fiscale américaine. Une charge fiscale exceptionnelle de 2,3 milliards de francs suisses (1,99 milliard d'euros) a fait passer le groupe dans le rouge en 2017. Mais les investisseurs ont été sensibles à sa capacité à rentabiliser la hausse de ses revenus. En hausse de 3,8% mercredi et de 2,2% jeudi, l'action a surperformé celle d'UBS au cours des six derniers mois.

L'accent mis sur le capital investissement réussit à Credit Suisse: les sociétés du secteur sont assises sur une trésorerie record qu'il leur faudra dépenser en acquisitons. Le groupe dégage 41% des revenus de sa banque d'investissement grâce aux prêts accordés pour réaliser ce type d'acquisitions. Les commissions obtenues sur les opérations de fusions-acquisitions représentent quant à elles un gros quart des revenus. Le risque pour la banque serait qu'une frénésie éphèmère d'acquisitions cède la place à une période de vaches maigres dans quelques années.

L'activité de trading dans le rouge au 4e trimestre

La branche de gestion de fortune à l'international et notamment en Chine parvient de son côté à attirer davantage de clients et à rentabiliser les sommes qui lui sont confiées. Il s'agit là du coeur de la stratégie de Credit Suisse, qui veut devenir un gérant d'actifs muni d'une activité de banque d'investissement plutôt que le contraire.

La division marchés, qui se concentre sur le trading d'actions et d'obligations, a contenu ses coûts tout en augmentant ses bénéfices sur l'ensemble de l'année. Mais les retours sur investissement restent limités et la perte essuyée au quatrième trimestre a révélé un fort degré de vulnérabilité en cas de baisse des marchés.

La rentabilité du groupe pourrait être freinée cette année par de nouveaux coûts de restructuration et par une activité de trading sous pression. Pourtant, l'action s'échange 13,2 fois les bénéfices attendus en 2018, nettement au-dessus du multiple de 11,7 observé du côté d'UBS ou des 9,7 de Barclays.

Compte tenu de la discipline affichée en matière de coûts, Credit Suisse mérite probablement enfin une telle prime.

- Paul J. Davies, The Wall Street Journal (Version française Thomas Varela) ed: ECH