Le Credit Suisse Research Institute publie aujourd'hui son rapport «Getting over Globalization», qui met en évidence la manière dont l'économie mondiale évolue vers une forme plus multipolaire, la stabilité de celle-ci dépendant de règles et d'institutions adéquates préalablement mises en place. Tout en exposant plusieurs risques tels que l'augmentation du protectionnisme, les guerres de devises et les conflits géopolitiques, le rapport arrive à la conclusion qu'il convient de prendre des mesures conduisant à une solution plus pondérée que l'arrêt radical de la mondialisation.

Urs Rohner, président du Conseil d'administration du Credit Suisse, a déclaré: «La mondialisation a été le moteur économique le plus puissant de ces dernières décennies. Or, en 2016, nous avons observé des changements dans la mondialisation telle que nous la connaissions. Du point de vue des affaires à l'international en particulier, la rupture de rythme dans le commerce mondial et la régionalisation politique constitueront des défis.»

Michael O'Sullivan, Chief Investment Officer International Wealth Management au Credit Suisse et rédacteur en chef du rapport, explique le contexte de l'analyse: «Le Credit Suisse Globalization Clock met en évidence l'érosion de la mondialisation et une tendance persistante à une structure multipolaire. Accepter la ‹voie de la multipolarité› est à nos yeux une perspective plus réaliste et un scénario certainement préférable à une ‹fin de la mondialisation›.»

Le rapport «Getting over Globalization», publié par le Credit Suisse Research Institute (CSRI), peut être téléchargé à l'adresse www.credit-suisse.com/researchinstitute.

Cette nouvelle étude, qui actualise le rapport du CSRI sur l'avenir de la mondialisation publié à la fin de 2015, analyse trois scénarios: «Globalization continues» (la mondialisation se poursuit), «A multipolar world emerges at economic, political and social levels» (un monde multipolaire émerge aux niveaux économique, politique et social) et, scénario plus pessimiste, «Globalization comes to an end» (la mondialisation touche à sa fin). (Voir le tableau des scénarios annexé.)

Grâce à des outils d'analyse innovants tels que le Credit Suisse Globalization Clock, le rapport vise à mesurer et à quantifier la mondialisation et la multipolarité sous ses nombreuses facettes. Sur le plan politique, plusieurs événements (vote du Brexit, résultat de l'élection présidentielle aux États-Unis, fin du processus de partenariat transpacifique) laissent penser que 2016 pourrait rester dans les mémoires comme l'année où la mondialisation s'est essoufflée. Le rapport du CSRI aborde plusieurs de ces questions et considère notamment les inégalités et la migration comme les deux principales menaces pour la mondialisation qui semblent conditionner l'opinion des électeurs dans les pays développés.

Dix points à surveiller en 2017

Si 2016 est l'année qui a marqué la «rupture» de la mondialisation, 2017 sera celle de la constitution d'un monde plus multipolaire menaçant les échanges commerciaux. Dans ce contexte, le CSRI signale dix points à surveiller:

  • La santé du commerce: comme il est probable à présent que l'accord de partenariat transpacifique (TPP) entre les États-Unis, le Japon et un groupe de pays asiatiques, d'une part, et l'accord de partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) entre les États-Unis et l'UE, d'autre part, ne seront pas ratifiés et que les mesures d'obstruction aux échanges commerciaux vont s'accentuer, le rythme et la santé du commerce sont probablement les deux éléments clés à surveiller de près.
  • Dette: avec les taux zéro et négatifs, le monde pouvait ignorer la dette, et même en tirer profit dans de nombreux cas. Mais leur hausse actuelle peut exercer une pression sur certains pays et entreprises. La Banque des règlements internationaux met en garde à juste titre, rappelant que la dette mondiale a désormais atteint des niveaux supérieurs à ceux de 2007.
  • Immigration: l'immigration est peut-être le problème politique le plus aigu en Europe et l'une des principales raisons pour lesquelles de nombreux Britanniques ont voté en faveur du Brexit. L'UE doit élaborer un plan de gestion de l'immigration auquel tous ses membres puissent adhérer, de manière que cette question cesse d'être un problème politique controversé.
  • À quand la prochaine récession? Au cours des sept dernières années, les marchés ont d'une certaine façon intégré trois ou quatre récessions. Étant donné le niveau très élevé de la dette en Chine, les faibles marges des entreprises et un début d'accélération de la reprise aux États-Unis, la prochaine récession ne peut pas être très éloignée.
  • Scénario «Folamour» - conflit militaire accidentel ou intentionnel: la mer de Chine méridionale est souvent évoquée par les commentateurs comme pouvant être le théâtre d'une confrontation entre de grandes puissances, mais comme la guerre en Syrie devient de plus en plus complexe, d'autres régions pourraient également déclencher un conflit militaire.
  • Attaques furtives ou guerre informatique: les cyber-attaques dirigées contre des entreprises sont devenues un phénomène fréquent, mais pour des raisons évidentes, peu d'informations filtrent à propos des attaques menées par un État contre un autre. C'est peut-être simplement une question de temps jusqu'à ce que l'une d'elles tourne vraiment mal ou déclenche une réaction musclée.
  • Mauvaise décision d'une banque centrale: un changement de politique pourrait faire perdre sa crédibilité à une banque centrale. Imaginez par exemple que la Banque du Japon essaie avec trop de vigueur de pousser l'inflation à la hausse et que le yen s'apprécie ensuite.
  • Lassitude face au consumérisme: le consumérisme a été une caractéristique de la mondialisation, et il est à présent particulièrement notable dans de nombreux marchés émergents. Toutefois, la situation difficile sur le marché de l'emploi dans certains pays (en 2015, les consommateurs en Russie, en Afrique du Sud et en Turquie étaient pessimistes ou moins optimistes à l'égard de leurs perspectives de revenu), la répartition de plus en plus inégale des richesses et une contraction de la classe moyenne pourraient diminuer l'aspiration à de meilleurs modes de vie et la recherche du bien-être matériel.
  • Durcissement des juridictions multipolaires: il est possible que certains États, forts de leur statut de puissance géopolitique ou économique, estiment pouvoir faire fi du droit international. Ainsi, différentes régions adoptent de plus en plus leur propre «façon de procéder» au détriment du commerce, voire des droits de l'homme.
  • Événement climatique: le changement climatique fait partie intégrante de la mondialisation, d'une part du fait de l'impact que celle-ci exerce sur lui, d'autre part en raison des mesures correctrices (réglementaires et technologiques) améliorées dans le but d'inverser le processus. 2016 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, et une poursuite de cette évolution mettra à rude épreuve de nombreuses exploitations agricoles et chaînes d'approvisionnement alimentaire, avec de possibles crises humanitaires à la clé.

La mondialisation, stoppée à un niveau élevé

La courbe du CSRI mesurant l'évolution de la mondialisation sur la base des flux commerciaux, financiers, de services et migratoires s'est aplatie en 2016 et, au cours des trois dernières années, elle est retombée en dessous des valeurs de 2012-2013, se retrouvant à peu près au même niveau que celui des années 2009-2010 marquées par la crise.

La Sté Credit Suisse Group AG a publié ce contenu, le 19 janvier 2017, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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