Zurich (awp) - L'assemblée générale de Credit Suisse vendredi au Hallenstadion de Zurich a été marquée par une forte participation. Pas moins de 1600 petits actionnaires, représentant 1,15% des droits de vote, avaient fait le déplacement. En tout, 1300 mio de voix étaient représentées, en grande partie via des intermédiaires indépendants, contre 1113 mio de voix l'an dernier.

La direction a dû encaisser des critiques parfois acerbes. "Des montagnes d'actifs toxiques surgissent de nul part", a tempêté Rudolf Meyer, de l'association d'actionnaires Actares. "La direction a l'air de tomber des nues." Rudolf Meyer s'étonne également que les résultats du premier trimestre ne seront publiés qu'après l'assemblée générale. "Je crains des mauvaises surprises", a-t-il ajouté.

CHANTIER PERMANENT

"La direction n'a pas encore réussi à donner des gages suffisants pour rassurer le marché", constate Dominique Biedermann, de la fondation Ethos, qui regrette la chute du cours, les provisions élevées pour frais de justice et la perte annuelle en milliards. "Le Credit Suisse est un chantier permanent", résume-t-il.

"Il est trop facile d'incriminer systématiquement le nouveau directeur général Tidjane Thiam", ajoute Rudolf Meyer. L'ancienne direction est loin, mais Urs Rohner est toujours président du conseil d'administration et est responsable des manquements passés, estime-t-il.

Ethos et Actares recommandent de refuser le rapport de rémunération et le dividende de 0,70 CHF par action, en espèces, en actions ou en une combinaison des deux.

"Après une année aussi désastreuse, il n'est pas pensable de verser autant de millions en rémunérations", a déclaré le politicien et entrepreneur Thomas Minder, à l'origine de l'initiative contre les rémunérations abusives. Thomas Minder recommande également de ne pas donner décharge au conseil d'administration. "Diriger implique de montrer l'exemple, ce d'autant plus dans un contexte de suppressions de postes".

URS ROHNER DÉFEND LE RAPPORT DES RÉMUNÉRATIONS

Pour sa part, Urs Rohner défend le rapport de rémunération de la direction en 2015. D'un point de vue opérationnel, 2015 a été une année positive, estime le président. Une perte pour une transaction opérée il y a seize ans n'est pas une raison suffisante pour refuser le rapport. Au quatrième trimestre 2015, la banque avait dû inscrire un correctif de valeur de 3,8 mrd CHF lié à l'acquisition en 2000 de la banque américaine Donaldson, Lufkin & Jenrette (DLJ).

La rémunération de l'ancien directeur général Brady Dougan n'apparaît plus séparément dans le rapport, a expliqué Urs Rohner. Elle est "comparable à celle de 2014", a-t-il précisé. L'Américain n'a par ailleurs pas touché de prime de départ.

Urs Rohner a enfin nié avoir influencé la société de conseil d'actionnaires ISS, comme certains le lui reprochaient. ISS, dont les décisions ont un poids important, recommande d'accepter tous les points à l'ordre du jour.

ys/ra/rq/buc