Zurich (awp) - Les efforts d'économie de Credit Suisse vont s'intensifier jusqu'en 2018. La banque aux deux voiles a dévoilé mercredi ses nouveaux objectifs en matière de réduction de coûts. Le directeur général (CEO) Tidjane Thiam est resté flou quant à l'éventualité de coupes supplémentaires dans les effectifs, qu'il n'a toutefois pas exclues. La grande banque a raboté les objectifs de deux divisions.

L'établissement zurichois a profité de la journée des investisseurs à Londres pour revoir légèrement sa stratégie. Les économies devraient atteindre 4,2 mrd CHF d'ici 2018, soit environ 1 mrd de plus qu'escompté précédemment. La cible pour la base des coûts a été plafonnée à 17 mrd CHF, contre un objectif de 18 mrd auparavant.

Lors d'une conférence téléphonique, M. Thiam a précisé que les réductions de coûts seront réalisées grâce aux différents programmes d'efficience menés dans plusieurs divisions. La productivité devrait être améliorée et la technologie permettra également des réductions de coûts.

Questionné sur de nouvelles suppressions d'emploi, le patron n'a pas exclu un tel scénario, refusant toutefois de livrer des chiffres. Selon les spéculations faites avant la journée des investisseurs, quelques 1000 à 1300 emplois supplémentaires pourraient encore passer à la trappe dans le cadre de la restructuration.

Jusqu'à présent, Credit Suisse a biffé 6050 postes, un chiffre supérieur à l'objectif 2016 de 6000 emplois.

PRORITÉ À LA CROISSANCE

Pour le CEO, la banque s'est améliorée structurellement depuis une année et sera en mesure d'atteindre ses objectifs 2018. Les progrès réalisés dans la réduction des coûts et dans le désinvestissement des activités non stratégiques permettront à Credit Suisse de se concentrer sur la croissance des revenus à partir de 2017.

"Nous ne sommes pas immunisés contre les développements du marché", a néanmoins lancé le CEO aux investisseurs. Première visée par les mesures, la division Asie/Pacifique (Apac) devrait dégager un bénéfice avant impôts de 1,6 mrd en 2018, contre un objectif de 2,1 mrd précédemment. Pour la gestion d'actifs, la prévision de 0,7 mrd CHF demeure d'actualité.

Le recul des volumes traités sur le marché et de l'activité sur les marchés des capitaux limitera les ambitions d'Apac. Le directeur de l'unité, Helman Sitohang, a toutefois assuré que les nouveaux objectifs seront tenus, indépendamment de nouvelles turbulences sur les marchés.

Autre "victime", l'unité de gestion de fortune internationale (IWM), dont l'objectif de résultat avant impôts a été ramené à 1,8 mrd CHF. Jusqu'ici, la cible était fixée à 2,1 mrd. Les activités de gestion d'actifs auront à subir une baisse des commissions de performance, ce qui plombera les profits de l'IWM. Le recrutement de nouveaux conseillers à la clientèle va malgré tout se poursuivre.

PERTES RÉDUITES POUR LA BANQUE DE DÉFAISANCE

Au rayon des nouveautés figurent également les objectifs 2019 pour la banque de défaisance, la "Strategical Resolution Unit" (SRU). Les pertes subies par cette division sont attendues sous le milliard passé ce délai, à 0,8 mrd USD. Le actifs pondérés au risque (RWA) devraient fondre à 30 mrd USD, contre 55 mrd à fin septembre.

Tous les autres objectifs sont confirmés, notamment le ratio de fonds propres durs attendu à 13% dès 2018. L'introduction partielle en Bourse de la banque universelle suisse (SUB) se déroule comme prévu et interviendra au second semestre 2017. De nouveaux objectifs seront communiqués pour cette division au deuxième trimestre de l'année prochaine.

Dans la banque d'affaires, l'objectif de rendement des fonds propres de Global Markets (GM) et Investment Banking & Capital Markets (IBCM) est maintenu à respectivement 10-15% et 15-20%.

D'ici 2020, le capital opérationnel disponible doit atteindre 23 à 25 mrd CHF, dont 40% seront reversés sous forme de dividende. Pour 2016, le groupe devrait proposer un dividende à choix de 0,70 CHF par titre en numéraire, en action ou en mélange des deux.

Visiblement convaincus, les investisseurs se ruaient sur la nominative Credit Suisse. A 16h39, le titre s'envolait de 6,8% à 15,28 CHF, dans un SMI en hausse de 0,02%. Les analystes préféraient cependant garder la tête froide.

Pour Vontobel, la confirmation de la stratégie semble logique, alors que la première année de restructuration arrive à peine à son terme. Les annonces du jour ne font que confirmer les prévisions de l'analyste Andreas Venditti. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) émet un commentaire similaire. Au sein d'une banque aussi grande et complexe que CS, le potentiel d'économies existe toujours, affirment les analystes.

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