(Actualisation avec éléments de contexte, conséquences de la décision de Danone sur la monnaie néo-zélandaise)

Danone (>> DANONE) a annoncé mercredi qu'il allait porter son différend avec le néo-zélandais Fonterra Co-Operative Group (FCG.NZ) devant la justice, le groupe agro-alimentaire français n'étant pas parvenu à s'entendre avec son fournisseur sur des indemnités liées au vaste rappel de laits maternisés auquel il a dû procéder au cours de l'été dernier.

Ces rappels ont eu lieu après une alerte lancée par Fonterra concernant une possible contamination de certains ingrédients fournis à Danone, a rappelé le groupe français dans un communiqué. Les craintes liées à cette alerte se sont finalement révélées infondées.

Danone a décidé de mettre fin à son contrat actuel avec Fonterra et conditionne la poursuite de leur collaboration à un engagement du néo-zélandais à lui apporter de meilleures garanties en matière de sûreté alimentaire.

"Nous avons essayé de trouver un terrain d'entente auquel nous ne nous sommes pas parvenus", a indiqué Laurent Sacchi, le vice-président de Danone, dans un entretien accordé à Dow Jones Newswires. "Maintenant, nous n'avons pas d'autre choix que de saisir la justice", a-t-il ajouté.

Danone, qui en octobre a été contraint de lancer une alerte sur ses résultats en raison de rappels de laits infantiles en Asie, portera l'affaire devant la Haute cour de Nouvelle-Zélande et devant le centre d'arbitrage international de Singapour. Avec ces procédures, Danone veut "que la lumière sur les faits" soit établie et souhaite "obtenir réparation pour le préjudice subi". Le fait que les procédures à l'encontre de Fonterra aient été déjà entamées n'a pu être immédiatement confirmé.

A la mi-octobre, le groupe français a annoncé viser une hausse de son chiffre d'affaires comprise entre 4,5% et 5% en données comparables pour 2013, contre une croissance d'au moins 5% attendue auparavant. Le groupe a aussi révisé à la baisse ses objectifs de marge opérationnelle courante.

Danone avait alors mis en avant "l'impact majeur" du rappel de certains laits infantiles en Asie. En août, le groupe a rappelé des laits maternisés dans huit pays d'Asie, après l'alerte lancée par Fonterra Co-Operative Group, l'un de ses principaux fournisseurs, au sujet d'une possible contamination à la bactérie clostridium botulinum.

"Des tests additionnels ont par la suite révélé qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Cette affaire illustre de graves manquements de la part de Fonterra dans l'application des standards de qualité exigés dans la filière alimentaire", a commenté Danone.

Au troisième trimestre 2013, le chiffre d'affaires de la division nutrition infantile de Danone a diminué de 8,6% en données comparables, à 924 millions d'euros, une performance nettement inférieure à celle des trimestres précédents, au cours desquels une robuste demande pour les laits maternisés en Chine avait permis de compenser le déclin des ventes en Europe.

Le groupe néo-zélandais a provisionné 14 millions de dollars l'an dernier pour couvrir les coûts relatifs aux rappels des produits pour les huit entreprises concernées par l'alerte. Fonterra contrôle environ un tiers des exportations mondiales de lait.

Le groupe français reproche cependant à la coopérative néo-zélandaise de ne pas avoir averti ses clients plus tôt. Selon Laurent Sacchi, le géant agroalimentaire français souhaite ainsi que Fonterra l'indemnise pour les pertes de parts de marché et de recettes estimées à 350 millions de dollars.

Le patron de Fonterra, Theo Spierings, avait indiqué au début du mois de décembre que la coopérative avait fait une "proposition commerciale" à Danone. Interrogé sur l'éventualité d'une action en justice, il avait affirmé que les avocats de Fonterra considéraient que le groupe avait "une responsabilité très très limitée voire nulle".

Contactée par Dow Jones Newswires, une porte-parole de Fonterra n'était pas en mesure d'apporter immédiatement un commentaire.

La décision de Danone de porter l'affaire devant les tribunaux a eu des conséquences mercredi sur le dollar néo-zélandais alors que Fonterra est le plus gros groupe du pays et le premier exportateur mondial de lait. Le kiwi, le surnom de la devise néo-zélandaise, a reculé à 0,8256 dollar en fin de séance à New York.

"Si Fonterra perd un contrat important comme celui ci, cela pourrait avoir des conséquences potentiellement négatives pour l'économie néo-zélandaise et pour le kiwi" a commenté Brad Bechtel, gérant chez le courtier Faros Trading.

-Ruth Bender et Eric Chalmet, Dow Jones Newswires ; eric.chalmet@wsj.com 01.40.17.17.65

(Version française Jérôme Batteau. Ira Iosebashvili et Nicole Hong ont contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : DANONE