Francfort (awp/afp) - Les actions des deux premières banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank, progressaient nettement lundi à la Bourse de Francfort, stimulées par l'officialisation la veille de leurs négociations de fusion, qui suscitent pourtant un grand scepticisme.

A 10H00 GMT, le titre Deutsche Bank gagnait 3,48% à 8,09 euros et celui de Commerzbank 6,59% à 7,62 euros, portant les gains annuels des deux titres à respectivement 16% et 32%.

Les investisseurs avaient en partie anticipé les annonces de dimanche, au vu des manoeuvres menées depuis des mois par le gouvernement d'Angela Merkel pour pousser les deux banques en difficulté à créer un "champion national".

Un tel projet s'avère pourtant délicat, puisque Commerzbank, dont Berlin détient 15%, enchaîne les restructurations depuis son sauvetage en 2009. De son côté, Deutsche Bank n'a pas fini d'intégrer sa filiale dans la banque de détail, Postbank, et peine à ranimer ses recettes après trois années de lourdes pertes.

"Il y a deux camps en ce moment: ceux qui soutiennent la fusion et ceux qui, bien plus nombreux, sont sceptiques, et on peut nous compter parmi eux", a déclaré à l'AFP le représentant d'un grand actionnaire des deux banques.

La société britannique d'investissement Hermes Investment Management, qui gère d'importantes sommes pour le compte de clients, a quant à elle décliné une réaction car ses équipes sont "engagées avec le directoire de Deutsche Bank", a fait savoir une porte-parole à l'AFP.

Côté politique, on souligne que cette fusion "soulèverait d'importants problèmes de concurrence", selon Hans Michelbach, responsable des finances au sein de la faction parlementaire de la CDU-CSU, contacté par l'AFP.

Plus généralement, "une fusion entre faibles va entraîner des risques élevés de mise en oeuvre, tandis que les avantages durables semblent réduits", ajoute-t-il.

Les syndicats pour leur part redoutent de voir des dizaines de milliers de salariés laissés sur le carreau, sur 80.000 environ employés aujourd'hui par les deux banques en Allemagne.

Le chef de la chancellerie Helge Braun (CDU) a déclaré lundi que l'avenir de l'emploi dans les deux banques serait "bien sûr" regardé de près, cité par le quotidien populaire Bild.

afp/al