Francfort (awp/afp) - La première banque allemande, Deutsche Bank, qui vient de changer de patron après trois années de pertes d'affilée, a annoncé jeudi des coupes dans sa banque d'investissement et fait état d'une chute de ses résultats au premier trimestre.

Ce changement de cap était attendu avec le remplacement express de l'ancien PDG britannique John Cryan, le 8 avril, par l'Allemand Christian Sewing, après la chute de près de 30% du titre en Bourse depuis janvier et afin d'accélérer une sortie de crise.

Dans la banque d'investissement, jadis sa locomotive mais qui est devenue un boulet à trainer avec une série d'affaires judiciaires, la banque veut se recentrer sur la gestion internationale des paiements et le négoce des devises, où elle occupe encore une position dominante.

Dans le conseil en restructurations, l'accent va être mis sur les clients européens de même que dans l'accompagnement d'émissions et le financement d'opérations, alors que la banque va réduire sa présence dans ces activités en Asie et aux Etats-Unis.

La distribution de crédits sera "notablement réduite" aux Etats-Unis, pour se recentrer sur l'Europe, ajoute Deutsche Bank. Enfin, certains compartiments du négoce sur les actions vont être arrêtés de même qu'une partie des services offerts à des fonds d'investissement.

"Nos racines sont en Europe - nous voulons offrir des solutions de financement globales aux entreprises et aux clients institutionnels", a commenté Christian Sewing, 47 ans, responsable jusqu'à début avril de la banque de détail et des petites entreprises, et qui aura donc pris à peine plus de deux semaines pour annoncer cette réorientation.

La réduction de taille dans la banque d'investissement va s'accompagner de suppressions de postes, que la banque ne chiffre pas.

La banque de détail et des entreprises et la gestion d'actifs devraient elles générer durablement environ la moitié des revenus de l'établissement à partir de 2021, a encore annoncé Deutsche Bank.

Côté performance, le bénéfice net s'est affiché en baisse de 79% à 120 millions d'euros entre janvier et mars, lors du dernier trimestre conduit sous la responsabilité de M.Cryan.

Les recettes ont chuté de 13% dans la banque d'investissement, et sont aussi en recul, mais plus léger, dans la gestion d'actifs, dont un cinquième du capital est entré en bourse, et la banque de détail, qui est en train de fusionner avec le réseau de la filiale Postbank.

Les coûts ont augmenté de 2% à 6,45 milliards d'euros sur un an, alors que la banque entend les réduire à moyen terme.

Sous grande pression pour remettre le groupe sur les rails, Christian Sewing a estimé urgent "d'agir de manière décisive et d'adapter la stratégie", commentant des résultats trimestriels "inacceptables pour nos actionnaires".

La banque n'a pas formulé de prévision de résultat pour 2018.

afp/jh