Londres (awp/ats/afp/reu) - Le régulateur britannique des marchés a annoncé jeudi la suppression d'ici fin 2021 du célèbre taux interbancaire Libor, qui a fait l'objet de nombreux scandales ces dernières années, de nombreuses banques n'y participant plus. La Banque nationale suisse (BNS) doit trouver un nouveau taux de référence.

La décision du régulateur a un impact sur la Suisse. La banque centrale helvétique se sert du Libor pour conduire sa politique monétaire en fixant une marge de fluctuation pour son taux d'intérêt de référence autour du Libor en francs suisses à trois mois.

La BNS va trouver une alternative au Libor "en temps opportun" pour conduire sa politique monétaire, a indiqué à l'agence Reuters un porte-parole. La fin prévisible du Libor libellé en francs suisses n'aura aucune conséquence sur l'orientation de la politique monétaire ni sur les conditions monétaires, a précisé le porte-parole de la Banque nationale. RÉFÉRENCE DANS LE MONDE DE LA FINANCE

Le Libor, soit le "London Interbank Offered Rate", a longtemps été un taux interbancaire de référence dans le monde de la finance, ayant une incidence sur une masse énorme de produits financiers dont certains prêts aux ménages et aux entreprises.

Dans un discours prononcé à Londres, Andrew Bailey, le directeur général du gendarme britannique des marchés, le FCA, qui régule le libor, a acté la disparition du Libor.

Il a expliqué que le marché permettant de faire vivre le Libor "n'est plus suffisamment actif", alors que de nombreuses banques n'y participent plus, ce qui "soulève une sérieuse question quant à la pérennité des indices Libor". M. Bailey a précisé que le travail devait désormais débuter pour établir des taux de référence alternatifs.

Utilisé par les grands établissements financiers, le Libor servait jusqu'à présent de référence pour environ 360'000 milliards de dollars de contrats à travers le monde.

SYMBOLE DES DÉRIVES

Il est décliné pour plusieurs grandes devises, comme le dollar, l'euro, le yen la livre sterling ou le franc suisse. A chaque fois, les taux sont calculés à partir d'un panel de plusieurs banques.

Le Libor, comme son homologue de la zone euro l'Euribor, a fait office de véritable baromètre des marchés pendant la crise financière de 2008. Toute envolée du taux signifiait alors une perte de confiance entre banques qui n'osaient plus se prêter des fonds. Il a par ailleurs été le symbole des dérives de la finance, ayant fait l'objet de nombreuses affaires de manipulation.

Plusieurs grandes banques ont payé de lourdes amendes comme UBS, Deutsche Bank, RBS ou encore Rabobank, pour des milliards de dollars au total. Un ancien trader des banques UBS et Citigroup, Tom Hayes, a même écopé d'une peine de onze ans de prison.

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