Une fois mis en oeuvre, ce plan qui comprend également la cession de la filiale Deutsche Postbank et des investissements dans le numérique, doit permettre au groupe de réaliser des économies annuelles de 3,5 milliards d'euros.

A Francfort, le titre Deutsche Bank chutait de 3,7% à 11h00 et accusait la plus forte baisse des valeurs bancaires européennes, les investisseurs doutant de la capacité des deux coprésidents du directoire, Jürgen Fitschen et Anshu Jain, de réaliser leurs nouveaux objectifs.

"Il y a des objectifs à l'horizon 2020 et des projets d'économies et d'investissement que nous allons prendre comme le marché avec un certain scepticisme, au regard de leurs antécédents contrastés", dit Omar Fall, un analyste de Jefferies International.

Depuis que les deux coprésidents ont pris en mains les destinées de la banque en 2012, l'action Deutsche Bank a gagné 22%, alors que l'indice bancaire européen Stoxx a bondi de 84% dans le même temps.

PRÉCISIONS DANS TROIS MOIS

L'annonce de la restructuration est intervenue au lendemain de la publication par Deutsche Bank d'une division par deux de son bénéfice net au premier trimestre, la performance de la banque d'investissement n'ayant pas permis de compenser l'impact de lourds frais juridique.

"Prenez patience, dans seulement quelques mois nous reviendrons avec beaucoup de détails", a déclaré Anshu Jain à des analystes avides de précisions sur le plan. La banque a dit qu'elle donnerait de nouvelles indications dans trois mois.

Pour d'autres analystes, la chute des profits supérieure à ce qui était attendu explique le recul du titre.

"La déception sur les résultats était assez sévère. Mais, Deutsche Bank reste un bon achat à long terme, les coûts juridiques vont progressivement commencer à décroître", juge Ed Smyth, un gérant de JNF Capital.

Dans la banque d'investissement, moteur de la rentabilité de Deutsche Bank, la banque va sabrer ses opérations dans les matières premières, les dérivés sur événements de crédit, les prises en pension et les dérivés à long terme traités hors chambre de compensation afin de libérer des capitaux propres et d'améliorer son ratio de levier.

CESSION DE POSTBANK

S'agissant de Postbank, dont elle détient désormais 97% au lieu de 94% précédemment, Deutsche Bank va effectuer une offre de rachat des minoritaires d'ici août en vue d'un retour en Bourse de la banque postale d'ici la fin 2016.

Répondant aux questions des analystes, Anshu Jain a déclaré que la banque examinerait d'éventuelles offres qu'elle pourrait recevoir pour sa filiale mais il a ajouté qu'une mise en Bourse restait l'option principale.

Avec la réorganisation et la cession de Postbank, Deutsche Bank vise un ratio de levier de 5%, au lieu de 3,4% actuellement, et promet un ratio de distribution du dividende de 50%.

Le groupe bancaire va parallèlement supprimer d'ici 2017 quelque 200 agences sur les 730 que compte son réseau en nom propre en Allemagne, tout en investissant un milliard d'euros dans son offre digitale. A l'international, la banque va quitter sept à dix pays dans lesquels elle opère mais en renforçant ses investissements en Chine et en Inde.

Jürgen Fitschen a dit qu'aucune décision n'avait encore été prise quant aux suppressions d'emplois qui découleront de ces mesures.

Deutsche Bank compte parallèlement accroître son bilan dans la gestion d'actifs et la gestion de fortune jusqu'à 10% par an.

(Véronique Tison et Marc Joanny pour le service français)

par Thomas Atkins et Jonathan Gould

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Bank AG, Deutsche Postbank AG