(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

par Alex Chambers et Helene Durand

LONDRES, 15 février (Reuters) - L'offre de rachat lancée par Deutsche Bank sur trois milliards d'euros et deux milliards de dollars de dette senior non-garantie a certes soulagé les marchés financiers vendredi, mais son impact à long terme semble plus incertain.

L'action de la première banque allemande a gagné de près de 11,8% sur la journée et ses obligations se sont appréciées, un rebond bienvenu après plusieurs semaines tumultueuses pour le groupe, dont le cours a touché son plus bas niveau depuis plus de 20 ans.

Le marché craint notamment que Deutsche Bank soit incapable de payer les intérêts sur certaines de ses émissions obligataires dites AT1 (Additional Tier 1). Mais le rachat annoncé vendredi ne permet pas de dire si ce risque est définitivement écarté.

"Le rachat semble avoir eu un impact positif sur le marché, il faut donc le saluer de ce point de vue", a déclaré à IFR Gregory Turnbull-Schwartz, gérant taux fixes de Kames Capital.

"Je ne crois pas, cependant, qu'il aura un effet durable", a-t-il ajouté. "Si le but était de calmer les nerfs du marché sur leur capacité à payer les coupons des Additional Tier 1, il ne faudra pas longtemps pour que les gens se rendent compte que cela n'a rien à voir avec ce qui les préoccupait."

Les doutes sur la capacité de Deutsche Bank à payer les coupons de sa dette AT1 se sont accumulés ces derniers mois et se sont amplifiés après l'annonce fin janvier d'une perte annuelle record de 6,8 milliards d'euros.

Standard & Poor's a abaissé jeudi soir d'un échelon, de BB- à B+, la note de la dette "Tier 1" du groupe en arguant du fait que la capacité de la banque à payer les intérêts de certaines émissions pourrait être affectée.

UNE AUGMENTATION DE CAPITAL ENCORE JUGÉE NÉCESSAIRE

Vendredi, les analystes de Citigroup ont estimé que l'annonce du rachat d'obligations ne répondait à toutes les interrogations.

"Un effet rétroactif de plus long terme existe toujours", ont-ils écrit.

"Deutsche a besoin de lever des capitaux, de notre point de vue. Il pourrait choisir d'attendre que les litiges soient réglés mais plus le cours de l'action baissera, plus une augmentation de capital sera dilutive. La seule alternative consiste à réduire encore le bilan, ce qui accroîtrait d'autant la pression sur les résultats."

Les premières estimations d'analystes sur les conséquences du rachat de dette concluent à un impact négligeable sur les ratios de fond propres, de l'ordre de 3,5 à sept points de base.

"C'est une manière raisonnable d'afficher leurs intentions, notamment s'ils veulent montrer qu'ils disposent de liquidités abondantes", a dit un gérant. "Mais il n'est pas certain que cela calmera le marché."

Les banques avaient racheté d'importantes quantités de dette subordonnée avec d'importantes décotes pendant la crise financière, ce qui leur permettait de créer des fonds propres de type "Core Equity Tier 1".

Mais l'effet est moins important avec des rachats de dette senior, et d'autant moins dans le cas de Deutsche Bank car des informations sur le projet avaient été publiées en début de semaine par le Financial Times.

(avec Will Caiger-Smith; Marc Angrand pour le service français)