par Thomas Atkins

FRANCFORT, 29 juin (Reuters) - John Cryan, qui prendra officiellement mercredi ses fonctions de président du directoire de Deutsche Bank, devra traiter une longue liste de problèmes qui ont plongé la première banque allemande dans une crise manageuriale.

"Cryan doit regagner la confiance des investisseurs, approfondir le plan stratégique du groupe et par dessus tout réinstaurer un semblant d'ordre", dit Helmut Ripper, gestionnaire de portefeuille d'Union Investment, l'un des 20 premiers actionnaires de Deutsche Bank.

Cette dernière a dû amortir le choc de la démission de ses co-présidents du directoire Anshu Jain et Jürgen Fitschen, survenue après une série d'affaires et un avertissement sans frais lancé le mois dernier par les actionnaires aux dirigeants alors en place.

John Cryan s'est lui-même fixé le 30 juillet comme date limite pour rendre publiques les modalités du nouveau plan stratégique de l'établissement.

"Il y aura des licenciements massifs, des réductions des coûts (...) et une accélération générale de la restructuration", a dit l'un des anciens collègues de Cryan. "Tout le bruit fait autour de lui n'a rien d'exagéré".

Entre amendes et enquêtes diverses, charges d'exploitation élevées, syndicats omnipotents et investissements énormes pour moderniser la technologie et se restructurer, John Cryan aura du pain sur la planche.

Selon une source bien informée, John Cryan, qui a siégé deux ans au conseil de surveillance de la banque et a dirigé son comité d'audit, va vraisemblablement accélérer les réformes, sabrer l'activité de banque d'investissement pour dégager des fonds propres et resserrer la gouvernance mais il ne changera sans doute pas de stratégie.

Un autre ex-collaborateur de Cryan explique que sa nomination montre que la banque accorde dorénavant plus d'importance à la gouvernance et aux questions juridiques qu'à investir lourdement dans son expansion.

Les gros actionnaires sont soucieux d'en savoir plus sur la manière dont le dirigeant britannique de 54 ans va mettre en oeuvre le plan "Stratégie 2020", dont les grandes lignes avaient été rendues publiques en avril.

La plan prévoit de réduire la banque d'investissement, de vendre Postbank et de réduire encore les coûts de 3,5 milliards d'euros en sus des 1,2 milliard d'euros déjà planifiés.

L'un des dix premiers actionnaires de la banque estime qu'il faut peut-être s'attendre à des licenciements pouvant atteindre 10% des effectifs, qui sont de 98.000 salariés, pour réaliser l'objectif d'économies. "Il faut raffiner la stratégie", a-t-il dit. "Voici venu le moment d'un véritable nouveau départ".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Bank AG, Deutsche Postbank AG