Berlin (awp/afp) - Deutsche Bank, encore plombée en 2016 par les litiges financiers et une lourde restructuration, a fait état jeudi d'une progression de ses résultats au premier trimestre, qui ont toutefois laissé les investisseurs sur leur faim.

A 08H45 GMT, le titre de la première banque allemande reculait de 3,30% à 16,76 euros, pour figurer en dernière position d'un indice Dax en repli de 0,30%. Mais ce recul s'explique aussi par des prises de bénéfices, le titre ayant particulièrement grimpé ces derniers jours après le premier tour de l'élection présidentielle en France.

Malgré la publication des bons résultats du premier trimestre de Deutsche Bank, la banque américaine Citigroup a notamment confirmé sa recommandation de vente sur le titre, avec un objectif de cours à 14,30 euros, selon une note d'analyste.

Le résultat net de la banque au premier trimestre de 2017 a eu beau s'envoler à 575 millions d'euros, soit un bond de 143% par rapport à l'an dernier, cela reste en deçà des 590 millions d'euros attendus par un panel d'analystes interrogé par le fournisseur de services financiers Factset. Le résultat net hors intérêts minoritaires s'élève quant à lui à 571 millions d'euros.

Le recul du titre en Bourse ce jeudi témoigne d'une confiance encore fragile des investisseurs à l'égard de la banque, quand d'autres rivales du secteur s'en tirent mieux qu'elle, en particulier les banques américaines pour ce qui concerne les activités sur les marchés financiers.

Les recettes de la "Deutsche", comme elle est surnommé sur les marchés, ont chuté de 9%, à 7,3 milliards d'euros. Cela s'explique par un effet négatif lié à une augmentation de la valeur de la dette émise par la banque, car les investisseurs voient le risque d'un non-remboursement s'éloigner.

Sans cet effet purement comptable, qui porte sur environ 800 millions d'euros, ses revenus seraient restés "à peu près stables", a assuré le patron, John Cryan, dans une lettre à ses employés mise en ligne sur le site internet de la banque. Ce dernier s'est par ailleurs dit "content du démarrage de l'année 2017."

"L'engagement des clients est grand, le flux d'actifs revient dans toute la banque et l'activité reprend", a-t-il détaillé, estimant que les fondations étaient désormais en place pour que "Deutsche Bank puisse de nouveau livrer de bons résultats."

En 2016, Deutsche Bank avait enregistré une perte de 1,4 milliard d'euros, un résultat certes moins catastrophique que la gigantesque perte de presque 7 milliards en 2015, mais nettement plus mauvais que prévu par la plupart des analystes.

Deutsche Bank est parvenue au premier trimestre à compenser une chute sensible de ses recettes par de moindres charges. Sa restructuration, toujours en cours, s'est traduite par une baisse de 5% sur un an des coûts ajustés mais aussi par une diminution des effectifs de 1.600 personnes par rapport à fin 2016. Sur les 188 fermetures d'agences bancaires prévues en Allemagne, 130 ont déjà été réalisées.

Plombée par plusieurs amendes dans des litiges financiers, un environnement de taux d'intérêt bas qui rend difficile de faire fructifier l'argent, un durcissement de la réglementation bancaire et un vaste plan de restructuration avec abandon de certaines activités, la banque a l'espoir de se remettre sur les rails en 2017. Aucune prévision financière n'a toutefois été communiquée.

"Nous pouvons et devons regarder vers la suite de 2017 avec un bon degré d'optimisme", a encore assuré John Cryan.

Pour se donner de la marge de manoeuvre pour rebondir, Deutsche Bank a levé en avril 8 milliards d'euros. Cette entrée d'argent frais a permis au groupe de faire remonter son ratio de fonds propres prudentiels, mesure de sa stabilité financière, à 14,1%.

afp/rp