FRANCFORT, 3 juillet (Reuters) - Deutsche Bank n'aura pas besoin d'une augmentation de capital dans un avenir prévisible, déclare John Cryan, président du directoire de la première banque allemande, dans le cadre d'un entretien publié samedi par le magazine allemand Spiegel.

"Je suis persuadé que nous pouvons accumuler du capital de manière organique, ce que, malheureusement, nous n'avons pas pu faire au cours de nombreuses années", ajoute-t-il.

Deutsche Bank doit générer en moyenne 2,5 milliards d'euros de capital additionnel par an pour se conformer aux exigences réglementaires, poursuit John Cryan, notant que l'établissement n'éprouverait aucune difficulté à arriver à ce total.

L'action Deutsche Bank est tombée jeudi à un creux historique, à 12,05 euros en séance, emportée par un recul généralisé d'un secteur bancaire bousculé par un environnement de taux très bas et, plus récemment, par une montée de l'aversion au risque générée par la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne.

Ce jour là, la valeur avait également été affectée, d'un côté, par un rapport du Fonds monétaire international (FMI) disant que les liens de Deutsche Bank avec les plus grandes banques mondiales en font le principal facteur de risque pour le système financier dans son ensemble.

De l'autre, le titre avait souffert du nouvel échec des filiales américaines de Deutsche Bank à des tests de résistance imposés par la Réserve fédérale (Fed) des Etats-Unis.

Le titre Deutsche Bank, qui a clôturé vendredi sur un cours de 12,56 euros, est en repli de près de 44,3 % depuis le début de l'année, après -9,85% en 2015 et -24,45% en 2014.

L'indice regroupant les valeurs bancaires européennes est en baisse de plus de 31% à ce stade de 2016 - accusant la plus mauvaise performance sectorielle sur la période - après -3,25% en 2015 et -2,80% en 2014.

Fin avril, Deutsche Bank a annoncé un bénéfice net inattendu au premier trimestre, grâce entre autres à la baisse des coûts liés aux litiges, mais John Cryan, a alors prévenu les investisseurs qu'il ne fallait pas espérer de bons résultats sur l'ensemble de l'année.

Dans l'entretien publié par Spiegel, le président du directoire de Deutsche Bank estime que la banque est mieux placée que ses rivales américaines à la suite du "Brexit" voté lors du référendum du 23 juin, notant que ces dernières seraient peut-être contraintes d'ouvrir de nouvelles filiales en dehors de la Grande-Bretagne pour garder des activités au sein de l'Union européenne.

John Cryan se montre critique vis-à-vis de la politique de taux bas adoptée par la Banque centrale européenne (BCE), estimant qu'elle avait un effet contraire à celui visé par l'insitut d'émission, à savoir une stimulation de la croissance.

"Si les banques accusent des pertes sur leurs dépôts, elles sont obligées de compenser cela avec, là où c'est possible, des taux d'intérêt plus élevés sur des prêts aux entreprises", estime-t-il.

Le président du directoire de Deutsche Bank dit également que l'établissement n'a pas l'intention de vendre sa division gestion de fortune. (Alexander Huebner, Benoit Van Overstraeten pour le service français)