Francfort (awp/afp) - Jürgen Fitschen, le copatron de Deutsche Bank sur le départ, ainsi que plusieurs anciens responsables de la banque ont été relaxés lundi par la justice allemande, devant laquelle ils comparaissaient pour faux témoignage.

"Après un an de procès, on peut établir que les faits reprochés n'ont pas été confirmés", a déclaré Peter Noll, le président du tribunal de grande instance de Munich (sud-est), presque un an jour pour jour après l'ouverture de ce procès retentissant en Allemagne.

M. Fitschen, qui démissionnera de ses fonctions de président-directeur général de Deutsche Bank à l'issue de la prochaine assemblée générale en mai, comparaissait aux côtés de deux anciens patrons de la banque -Rolf Breuer et Josef Ackermann-, de l'ancien chef du conseil de surveillance Clemens Börsig et d'un ex-membre du directoire, Tessen von Heydebreck. Tous ont été acquittés par le tribunal munichois.

Ils étaient accusés d'avoir fait de fausses déclarations lors du procès Kirch, l'un des plus grands feuilletons judiciaires de l'économie allemande dont le point de départ fut la faillite du magnat des médias, Leo Kirch. Ce dernier tenait Deutsche Bank pour responsable de l'effondrement de son empire.

Le parquet soupçonnait les cinq accusés d'avoir "agi en collusion" pour tromper la justice lors de ce marathon judiciaire qui a opposé entre 2002 et 2014 la banque à la famille Kirch afin d'éviter que celle-ci n'obtienne réparation.

M. Fitschen était notamment suspecté de ne pas avoir corrigé certaines déclarations "manifestement fausses" des autres accusés, afin notamment "de ne pas torpiller" leur stratégie de défense.

L'ensemble de ces faits était passible de un à dix ans d'emprisonnement.

Cette relaxe tombe à point nommé pour Deutsche Bank, engluée dans plus de 6.000 litiges à travers le monde et qui tente depuis plusieurs années de redorer son image très écornée en Allemagne. Une condamnation de M. Fitschen et de ses anciens dirigeants aurait porté un nouveau coup sévère à ses efforts pour apparaître comme un établissement désormais responsable et ayant rompu avec les excès du passé.

Leo Kirch, mort en 2011 à 84 ans, avait accusé Deutsche Bank d'avoir provoqué en 2002 la chute de son empire des médias pour en tirer profit.

En cause, une brève interview à la chaîne américaine Bloomberg TV à New York, dans laquelle le patron de la banque de l'époque, Rolf Breuer, avait mis en doute la solidité financière du groupe, qui s'était développé dans la télévision payante et les droits de diffusion d'événements sportifs.

Une indiscrétion qui avait provoqué un coup de tonnerre parmi les investisseurs, suivi d'un mouvement de panique. Quelques mois plus tard, le groupe KirchMedia, dont la Deutsche Bank était l'un des créanciers, avait été contraint de déposer le bilan et de vendre ses activités au plus offrant.

Après dix ans d'un combat judiciaire acharné, la première banque allemande avait annoncé en février 2014 qu'elle allait verser près d'un milliard d'euros, intérêts compris, aux ayants-droit de Leo Kirch pour solder cette affaire.

Lundi, le tribunal de grande instance de Munich a toutefois estimé que la thèse selon laquelle M. Breuer avait voulu par ses déclarations affaiblir volontairement l'empire Kirch "ne s'était pas confirmée lors du procès".

afp/al