Francfort (awp/afp) - Le géant bancaire allemand Deutsche Bank a annoncé jeudi avoir accusé une nouvelle perte nette en 2016, nettement plus élevée qu'attendu, résultat de plusieurs amendes, d'une baisse de ses revenus et du coût élevé de sa restructuration.

Le groupe de Francfort a enregistré une perte nette de 1,4 milliard d'euros en 2016, après avoir déjà essuyé une perte de presque 7 milliards en 2015, a-t-il annoncé dans un communiqué financier.

Un résultat nettement plus mauvais que prévu par les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers FactSet, qui misaient en moyenne sur une perte d'environ 200 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires s'affiche quant à lui en baisse de 10% sur un an, à environ 30 milliards d'euros, tandis que le résultat avant impôts marque une perte de 810 millions d'euros, après une perte d'environ 6 milliards en 2015.

Comme l'année précédente, le groupe a écopé en 2016 de plusieurs amendes qui ont grevé ses performances. A l'instar de ses rivaux, Deutsche Bank doit par ailleurs composer avec un environnement de taux très bas, qui complique sa tâche de faire fructifier l'argent, et avec un durcissement de la réglementation bancaire.

Il a par ailleurs fait état d'une hausse de presque 45% sur un an de ses provisions sur crédits, liée entre autres au secteur maritime, en difficulté depuis la crise de 2008.

Pour ne rien arranger, le groupe mène un vaste plan de restructuration prévoyant 9.000 suppressions d'emplois d'ici 2020, qui se traduit par l'abandon d'un certain nombre d'activités à risques ou peu rentables. D'où des coûts importants et une baisse de certains revenus.

- Environnement difficile -

"Nos résultats pour l'année 2016 ont été durement impactés par des actions décisives décidées par la direction pour améliorer et moderniser la banque, ainsi que par des turbulences de marché", a concédé John Cryan, le patron de Deutsche Bank, cité dans le communiqué.

Sur le seul quatrième trimestre 2016, la perte nette du groupe s'élève à 1,9 milliard d'euros, du fait notamment d'une gigantesque amende aux Etats-Unis, de plus de 7 milliards de dollars, pour solder une enquête concernant le rôle de la banque dans la crise des subprimes.

Ce litige et plusieurs autres de moindre ampleur ont occasionné un effet négatif de 1,6 milliard d'euros sur les trois derniers mois de l'année.

Deutsche Bank met toutefois en avant le renforcement de son assise financière alors qu'un vent d'inquiétude avait soufflé sur les marchés ces derniers mois concernant la capacité du groupe à faire face à ses engagements.

Après plusieurs cessions bouclées l'an dernier, le ratio de fonds propres "durs", un indicateur clé de mesure de la solvabilité, s'affiche ainsi à 11,9% à fin décembre, contre 11,1% à la fin du troisième trimestre 2016. Deutsche Bank a pour objectif de porter cet indicateur à au moins 12,5% d'ici 2018.

La banque se félicite par ailleurs d'une baisse de 24% sur un an de ses dépenses d'exploitation.

- Bon départ en 2017 -

Pour Ingo Frommen, analyste chez LBBW, la banque a terminé l'année sur une note positive malgré les difficultés. "Des litiges ont été soldés, des participations vendues et les coûts de structure améliorés. Une augmentation de capital a par ailleurs été évitée", souligne notamment cet expert.

"Nous avons prouvé notre résistance dans une année particulièrement difficile. Nous avons terminé 2016 avec des ratios de capital et de liquidités satisfaisants et nous sommes optimistes après un début prometteur" en 2017, a commenté M. Cryan.

Pour cette année, la banque espère voir ses revenus progresser à la faveur de l'amélioration récente des perspectives économiques, et souligne que toutes ses divisions ont bien démarré 2017.

Pour autant, les ennuis ne sont pas terminés pour Deutsche Bank, qui s'attend à ce que les prochains mois continuent à être compliqués par la résolution de litiges juridiques, selon une présentation publiée sur son site. Le nom de la banque est cité dans près de 8.000 affaires judiciaires dans le monde.

afp/rp