par Kathrin Jones et Thomas Atkins

FRANCFORT, 14 avril (Reuters) - La direction de Deutsche Bank a décidé qu'une restructuration prévoyant uniquement des baisses de coûts ne suffirait pas et s'interroge sur l'opportunité de céder toute son activité de banque de détail ou simplement sa filiale PostBank, apprend-on de sources proches du dossier.

La première banque allemande veut choisir l'une de ces deux options avant la réunion de son conseil de surveillance du 24 avril, a-t-on précisé mardi de mêmes sources.

Deutsche Bank, dont le titre a surperformé le secteur depuis l'annonce de sa revue stratégique le 18 décembre, veut présenter les options au conseil la semaine prochaine, ont-elles ajouté.

En mars, une source avait dit à Reuters le conseil de surveillance privilégiait un projet prévoyant de regrouper les activités de banque de détail, y compris Postbank, et de les scinder via une entrée en Bourse d'ici 2017.

Que la banque décide de se défaire de la totalité de sa banque de détail, abandonnant ainsi le modèle de "banque universelle" qu'elle privilégiait jusqu'à présent, ou bien qu'elle se sépare de Postbank, rachetée pour renforcer son activité de détail, il s'agira d'un virage stratégique.

"Une chose est sûre: le statu quo est une élément du passé", déclaré une personne proche des négociations sur la stratégie.

Le conseil de surveillance doit étudier ces propositions lors d'une réunion extraordinaire et interroger l'équipe dirigeante avant de se prononcer sur un plan, quel qu'il soit.

Le groupe a dépensé sept milliards d'euros au cours des trois dernières années en amendes et en accords à l'amiable, et encore quatre milliards pour se restructurer, y compris pour intégrer Postbank, rachetée sur plusieurs années jusqu'en 2010.

Ces coûts ont contribué à l'incapacité de la banque à atteindre ses objectifs, avec un rendement des fonds propres de 3% en 2014, très loin de l'objectif de 12% pour 2015.

VIRAGE

Le premier projet à l'étude consisterait pour Deutsche Bank à conserver un champ d'activités étendu mais avec une exposition plus faible au secteur très concurrentiel de la banque de détail en Allemagne, dominé par les banques coopératives et d'épargne.

Dans le cadre de ce plan, Deutsche Bank introduirait Postbank en Bourse et réduiraient les actifs de sa banque d'investissement pour renforcer ses ratios de fonds propres. Elle investirait également, notamment dans la gestion de fortune, pour diversifier ses activités au-delà de la banque d'investissement, précise-t-on de mêmes sources.

La deuxième proposition reviendrait à un démantèlement du groupe et à l'abandon de la stratégie de "banque universelle". Deutsche Bank vendrait toutes ses opérations de banque de détail et conserverait la banque d'affaires et la gestion de fortune.

Jusqu'à présent, le conseil n'a exprimé aucun signe de résistance à un tel projet, mais il n'y a pas encore de consensus en faveur de l'une ou l'autre des deux options.

Quelle que soit la restructuration, Deutsche Bank poursuivra son plan de réduction de coûts et réduira ses activités de banques d'investissement, qui ont perdu de leur potentiel avec le resserrement de la réglementation, précisent les sources.

Un porte-parole de la banque a réfusé de commenter ces options stratégiques, sauf pour dire que la banque vise toujours à boucler ses délibérations d'ici fin juin.

Le quotidien allemand Handelsblatt a rapporté mardi que la banque pourrait publier ses plans stratégiques le 29 avril, lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre. (Juliette Rouillon pour le service français)