Le bénéfice net de la première banque allemande a chuté de 58% à 236 millions d'euros sur janvier-mars, contre 559 millions un an auparavant, en raison de la performance médiocre du pôle banque d'investissement (BFI) dans un contexte de marchés instables. Mais les analystes anticipaient en moyenne une perte nette de 249 millions d'euros.

Deutsche Bank, qui avait annoncé en octobre dernier un vaste plan de restructuration, gagnait plus de 3,5% à 10h25 GMT à la Bourse de Francfort alors que l'indice Dax perdait 1,18%. Le titre affichait alors la plus forte hausse de l'indice EuroStoxx 50 (-1,58%).

"Sur une base opérationnelle, l'exercice annuel semble en ligne. Les deux premiers mois ont été très lents, surtout si on songe à ce qu'ils devraient être normalement. Dans les faits, nous voulons faire le maximum dès cette année", a expliqué John Cryan à des analystes.

Les efforts de restructuration doivent en effet atteindre leur point culminant cette année et la réorganisation des différentes activités du groupe sera pour l'essentiel achevée l'an prochain, a-t-il ajouté.

Les frais de litiges du groupe ont été réduits de 1,4 milliard d'euros au premier trimestre, par rapport à leur niveau du trimestre comparable de 2015. Deutsche Bank compte toutefois régler d'autres gros litiges cette année, ce qui devrait à nouveau faire grimper l'ardoise dans les trimestres à venir.

POUR CITI, UN APPEL AU MARCHÉ POURRAIT ÊTRE NÉCESSAIRE

Union Investment, l'un des principaux actionnaires de Deutsche Bank, a dit que l'établissement avait agréablement surpris sur le volet des coûts.

"L'évolution du côté du capital est négative; ça reste une difficulté mais une augmentation de capital n'a aucun caractère d'urgence", précise le gérant Helmut Hipper.

La banque vise un ratio de fonds propres CET1 stable de 11,1% en fin d'année, même si ce dernier s'est contracté de 0,4 point au premier trimestre. La cession de la participation dans la banque chinoise Hua Xia permettra d'augmenter le ratio de 0,5 point et la banque a jusqu'à fin 2019 pour le porter au niveau réglementaire de 12,25%.

"Nous percevons un risque baissier sur les litiges - nos modèles donnent 3,6 milliards d'euros en 2016 - et cela nécessitera probablement à notre avis une augmentation de capital", écrivent des analystes de Citi.

Les revenus dégagés par la banque d'investissement ont chuté de 23% au premier trimestre, conséquence de la baisse des prix des matières premières, des inquiétudes entourant l'évolution de l'économie chinoise et d'un environnement de taux d'intérêt ultra-bas.

Un tel contexte, qui plombe les pôles BFI des établissements aussi bien américains qu'européens, n'encourage pas la clientèle à faire du trading, à investir ou à placer des titres sur le marché.

La banque allemande avait déjà fait savoir en mars qu'elle anticipait des résultats faibles pour la BFI, alors que le premier trimestre est habituellement animé pour ce type d'activité.

"Malgré un revenu de banque d'investissement meilleur que prévu, la capitalisation est faible et les activités de détail sont affectées par l'impact de taux d'intérêt bas", résument les analystes de KBW.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Arno Schuetze et Jonathan Gould