Les salariés ne connaîtront qu'en mars le montant de leur rémunération variable mais ils ont déjà été informés du fait que les enveloppes globales attribuées à chaque division seraient réduites d'au moins 25% à 30%, ont précisé ces sources.

"Pour les salariés, 2015 sera probablement l'une des pires années de toutes", a dit un cadre du groupe bancaire qui a requis l'anonymat.

Une autre source a déclaré que la réduction des bonus concernerait tous les employés dont le salaire excède le niveau prévu par la convention collective négociée avec les syndicats, donc entre autres ceux de la division de banque d'investissement.

Deutsche Bank a refusé de commenter ces informations.

Au cours des cinq dernières années, la première banque allemande n'a pratiquement pas modifié les rémunérations et versait généralement aux salariés entre 38,5 à 40 centimes pour chaque euro de Produit net bancaire (PNB).

Dès sa prise de fonction le 1er juillet dernier, le président du directoire de la banque John Cryan avait prévenu les salariés qu'il fallait redorer un blason terni par des comportements blâmables.

En exposant la stratégie du groupe en octobre, marquée par l'annonce de 9.000 suppressions de postes, il avait aussi annoncé que les primes seraient réduites afin que les salariés assument eux aussi leur part des pertes.

A la fin du mois de novembre, John Cryan avait même déclaré publiquement que les banquiers en général étaient encore trop payés.

La semaine dernière, Deutsche Bank a dit s'attendre à accuser une perte nette record de l'ordre de 6,7 milliards d'euros sur l'année 2015, ce qui a fait chuter son cours de Bourse de 10% et raviver l'inquiétude des analystes qui pensent que la banque pourrait devoir renforcer davantage ses fonds propres.

Deutsche Bank avait annoncé par le passé qu'elle prévoyait d'augmenter la partie fixe des salaires tandis que les primes dépendraient à l'avenir non seulement de la performance individuelle des salariés mais aussi de la performance globale de la banque.

Selon des sources, pour retenir ses salariés les plus performants, Deutsche Bank envisage cependant de leur accorder un supplément. Le groupe bancaire allemand a récemment vu certains de ses banquiers comme Marc Pandraud, vice-président Europe pour la banque d'investissement et la banque, partir chez JPMorgan.

(Marc Angrand et Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Kathrin Jones