19 avril (Reuters) - Deutsche Bank travaille à une importante réorganisation de ses activités qui devrait conduire à une scission partielle ou totale de ses activités de banque de détail pour lui permettre de se concentrer sur la banque d'investissement et la gestion d'actifs, un modèle comparable à celui de Goldman Sachs.

Les dirigeants de la première banque allemande doivent débattre des différentes options envisagées lors d'un conseil de surveillance convoqué vendredi, 24 avril. Voici les deux modèles les plus probables aux yeux d'investisseurs, d'analystes et de sources financières au fait des discussions au sein du groupe:

1. "LA GRANDE SCISSION"

Ce choix conduirait à une scission pure et simple de Deutsche Bank en deux entités distinctes, donc à l'abandon du modèle dit de "banque universelle".

La filiale de détail Postbank et le réseau à l'enseigne Deutsche Bank seraient cédées, éventuellement à l'occasion d'une introduction en Bourse, ce qui permettrait au groupe de privilégier ses activités les plus rentables.

Postbank regroupe 1.100 agences et 14 millions de clients, le réseau Deutsche Bank 730 agences et 8,5 millions de clients. Le groupe possède aussi 870 agences et cinq millions de clients hors d'Allemagne, principalement en Espagne, en Italie et en Inde.

Le défi serait évidemment de trouver un acheteur, d'autant que Postbank est considérée comme l'une des banques les moins rentables d'Allemagne avec un ratio coût/revenus de 81%, contre 67% pour Commerzbank.

La valeur de la division de banque de détail est estimée à quatre milliards d'euros, ou 0,4 fois la valeur comptable, selon la banque d'investissement Jefferies, une valorisation parmi les plus basses du secteur en Europe.

Les activités conservées par Deutsche Bank seraient dédiées en priorité à la clientèle d'entreprises en Allemagne, un marché dynamique, tant dans les activités de crédit que dans celles de banque d'investissement, de gestion d'actifs et de gestion de fortune.

Deutsche Bank pourrait aussi affecter de nouveaux moyens à ses activités sur les marchés de capitaux internationaux.

Les activités de banque d'entreprise et de banque d'investissement devraient toutefois elles aussi se restructurer et réduire leurs coûts pour améliorer leur rentabilité et réduire leurs besoins en capitaux.

La banque d'investissement devrait réduire sa base d'actifs d'une centaine de milliards d'euros si la totalité des activités de banque de détail était cédée, estiment des analystes.

2. LA VENTE DE POSTBANK

Deutsche Bank pourrait revendre sa filiale, acquise par étapes à la fin des années 2000, tout en conservant le réseau de banque de détail à son nom, ce qui reviendrait à préserver le modèle de "banque universelle".

Une cession de l'ex-banque postale allemande, indépendante depuis 1995 avant son rachat par Deutsche Bank, permettrait au groupe de porter son ratio d'effet de levier à 3,7% et son ratio de fonds propres CET1 (Common Equity Tier 1) à 12,4% selon les estimations de Jefferies.

En optant pour ce scénario, Deutsche Bank devrait réduire sa base de coûts 2014 d'environ trois milliards d'euros, jugent les analystes de JPMorgan. Le groupe a réduit ses coûts de 3,3 milliards depuis 2012 alors qu'il visait initialement 4,5 milliards d'économies.

Les activités de banque d'entreprise et de gestion de fortune devraient par ailleurs être renforcées afin de compenser en partie la volatilité des revenus de la banque d'investissement

(Thomas Atkins, Marc Angrand pour le service français)