Le groupe, également propriétaire de la liqueur Cointreau ou du rhum Mount Gay, a dégagé un résultat opérationnel courant (ROC) en hausse de 8,2% à 134,1 millions d'euros au premier semestre clos le 30 septembre, un chiffre légèrement inférieur aux 137,3 millions attendus.

A périmètre et taux de change constants, la croissance est ressortie à 11,8%, en ligne avec les attentes, tandis que la marge opérationnelle a progressé de 1,1 point à 24,6%.

Le groupe s'est dit "confiant" dans la progression de ses résultats annuels tout en avertissant que les effets de changes et de couvertures auraient un impact négatif de 10 à 11 millions d'euros sur le résultat opérationnel courant (ROC) 2017-2018.

Le cognac Rémy Martin, dont les ventes ont grimpé de 15,4%, a vu son ROC décoller de 17,6%, pour une marge en hausse de 0,6 point à 31,5%.

A l'inverse, le pôle liqueurs & spiritueux a vu son ROC chuter de 17,5% après la déconsolidation de Passoa et un "nettoyage" du portefeuille, le groupe cessant de commercialiser les bouteilles d'entrée de gamme du brandy français St-Rémy ou de l'eau-de-vie grecque Metaxa.

Cette contre-performance pèse en Bourse sur un titre qui avait pris plus de 37% depuis le début de l'année et dont la valorisation est largement déconnectée de celle du secteur.

"Le cognac a fait mieux que prévu mais les liqueurs nettement moins bien", notent les analystes d'Investec.

CONFIANCE DANS LES STOCKS DE COGNAC

A 13h36, le titre Rémy Cointreau cède 3,19% à 107,75 euros et accuse la deuxième plus forte baisse de l'indice SBF120 qui gagne 0,53% au même moment.

"C’était un petit peu inférieur aux attentes et le titre a gagné plus de 30% cette année, donc il y a quelques prises de bénéfices", selon Grégoire Moore, gérant chez Keren Finance.

La valeur se traite sur des multiples de 32,7 fois les bénéfices estimés pour 2018-2019, un niveau proche des valorisations les plus élevées du luxe comme Hermès (36,34 fois) et très supérieur à celui du britannique Diageo, leader mondial des spiritueux (20,37 fois).

Pour soutenir ses marques, le groupe accélère ses dépenses publicitaires, qui ont progressé de plus de 10% au premier semestre et dont le financement est permis par des effets "mix et prix très favorables sur la marge brute".

Rémy Martin XO (qualités supérieures d'eaux-de-vie d'au moins six ans) fait notamment l'objet d'investissements accrus pour mieux concurrencer Hennessy, propriété de LVMH, et Martell (Pernod Ricard).

Comme ses concurrents, Rémy Martin profite d'un fort rebond de la demande en Chine auprès des classes moyennes-supérieures après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.

La directrice générale de Rémy Cointreau, Valérie Chapoulaud-Floquet, s'est dit "confiante" pour le prochain nouvel an chinois (le 16 février 2018), après d'"excellentes" ventes pendant les célébrations du "mid autumn festival".

Rémy Martin est porté en Chine par son "Club" vendu autour de 80 dollars la bouteille, le développement de son e-commerce et le succès de Louis XIII, cognac ultra haut de gamme vendu autour de 3.000 dollars (environ 2.500 euros).

Aux Etats-Unis, devenus le 1er marché de Rémy Martin, la marque affiche une progression "à deux chiffres" et profite aussi des ruptures de stocks de son concurrent Hennessy.

Les dirigeants du groupe se sont également dits "confiants" dans les niveaux de stocks d'eaux-de-vie de Rémy Martin.

Le groupe passe des contrats triennaux avec les viticulteurs qui sont associés à son capital, ce qui lui permet de sécuriser ses approvisionnements et, pour Louis XIII, "il vient de faire boucler un plan à 50 ans".

Repositionné exclusivement sur le segment du luxe, Rémy Cointreau s'est fixé pour objectif de réaliser, à l'horizon 2019-2020, plus de 60% de ses ventes dans les produits à plus de 50 dollars la bouteille, contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015.

Le résultat net part du groupe a progressé quant à lui de 19,4% à taux de changes constants à 89,2 millions d'euros et de 20% hors éléments exceptionnels à 90,3 millions.

(Avec Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis